Quand vient le temps d’utiliser un terme collectif pour décrire les Néo-Zélandais d’Orchestra Of Spheres, il est tentant d’utiliser le mot «troupe». Plus que «groupe» ou «formation», «troupe» est le terme de choix à utiliser en cirque ou en théâtre. Et quand on voit ce qu’Orchestra Of Spheres déploie comme costumes, mouvements et artifices sur scène, on pense spontanément à ces autres formes de divertissement.

Il ne faut cependant pas trop se fier aux apparences. L’aspect visuel bric-à-brac d’Orchestra Of Spheres est très amusant, mais il n’éclipse pas sa musique. Ce quatuor mixte de Wellington est musicalement universaliste. Pensez à peu près à n’importe quelle musique enjouée et fortement rythmée, du gamelan indonésien au techno-pop du début des années 90 en passant par le highlife africain, vous y entendrez une vague référence dans la musique des Spheres. Rien n’est rejeté d’emblée, tout est le bienvenu tant que le groupe arrive à s’amuser en triturant la source.

Brothers And Sisters Of The Black Lagoon est le troisième album de la formation, et comme c’est souvent le cas avec les bons groupes qui gagnent en maturité, les compositions deviennent mieux ficelées, mais aussi moins folles. L’autodérision et l’absurde se pointent le nez malgré tout, notamment dans la pièce In the Face Of Love avec ses voix manipulées et samples de bruits d’animaux si ridicules que même le chanteur ne peut s’empêcher de rire.

Plus que ce côté comique, c’est le groove psychédélique qui règne sur l’album. J’y entends des similarités avec le world music abâtardi de Goat et de Sunburned Hand Of The Man, et avec le rock expérimental enjoué de Need New Body. La polyvalence des musiciens, leur facilité à prioriser le rythme un instant et la mélodie le suivant, donne beaucoup de variété d’une pièce à l’autre, malgré un ton singulier et constant. La pièce d’ouverture, Trapdoors, représente assez bien le talent et la maturité grandissante du groupe: le rythme est entraînant sans être simpliste, et le groupe garde son groove tout en traversant un éventail d’intensité.

Mieux vaut écouter d’abord sans voir, mais le support visuel ne devrait pas être ignoré non plus. Pour constater leur inventivité et leur débrouillardise, je vous recommande une courte série sur YouTube (https://www.youtube.com/playlist?list=PLE3dn8EFeBRiYtnLTVChlUCRaX6ph37v2) réalisée lors d’une tournée du groupe en Chine à l’automne 2015. Inspirant.

Ma note: 7,5/10

Orchestra Of Spheres
Brothers And Sisters Of The Black Lagoon
Fire Records
43 Minutes

www.orchestraofspheres.com

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