Critiques

Oneohtrix Point Never

R Plus Seven

  • Warp Records
  • 2013
  • 43 minutes
6,5

oneohtrix-point-never-r-plus-sevenLes artistes comme Daniel Lopatin, alias Oneohtrix Point Never, sont utiles et nécessaires. Du moins en théorie. Il nous faut des musiciens qui sont prêts à repousser les limites de la forme et à s’aventurer où personne d’autre n’était passé auparavant. Depuis environ 2007, Lopatin explore les textures synthétiques en profondeur, en laissant beaucoup de place aux arpégiateurs et à leur nature aléatoire et accidentelle. C’est une approche conceptuellement intéressante où l’humain s’efface presque entièrement dans une masse confuse de technologie et d’artifice. Ça peut servir de commentaire sur le sentiment de perte d’identité dans un monde de plus en plus relié. Comme je disais, c’est en théorie très valable. Dans les faits, cependant, Lopatin ne se laisse pas facilement écouter.

Au lieu d’utiliser les rythmes et la mélodie, le projet Oneohtrix Point Never s’intéresse principalement jusqu’à présent aux motifs sonores en boucle et à la juxtaposition de timbres sonores. Les albums Replica et Nocturnal ressemblaient par moments aux bidouillages d’un musicien qui vient de s’acheter un nouveau synthé et qui passe d’un pre-set à l’autre, trouvant de petits trésors totalement par hasard pendant son exploration. Les quelques effets et samples, les longues répétitions et la fascination pour les sonorités de films de science-fiction trahissaient cependant la vision qui guidait ces créations.

Cette fois, pour R Plus Seven, Lopatin joue moins la carte de la répétition. Les idées changent beaucoup et souvent, sans progression claire. Quand il ne s’appuie pas sur la répétition hypnotique, il nous laisse un patchwork de sonorités sélectionnées pour leur caractère fascinant ou, dans la majorité des cas, repoussants ou kitsch. Les sons de trompette quétaine viennent agrémenter des sons de cordes factices. Ce qui est le plus admirable de ce nouvel album, c’est que Lopatin nous met au défi de trouver de la beauté dans des sons qu’on associe couramment au pire de la musique électronique des années 1980. Votre tolérance à ces offrandes en dit autant sur vous que sur la musique proposée par Lopatin.

Le vidéoclip qui accompagne le simple Problem Areas est une visualisation absolument parfaite de cet album. Des objets modélisés dans un logiciel désuet, d’une perfection trop extrême pour être réalistes, sont placés côte à côte dans un désordre organisé. D’un point de vue purement artistique, je donnerais une note très élevée à cette œuvre. D’un point de vue purement musical, je ne peux pas m’empêcher d’être plus sévère.

Ma note : 6,5/10

Oneohtrix Point Never
R Plus Seven
Warp Records
43 minutes

www.pointnever.com/

[youtube]http://youtu.be/uvDzaQOSZ3E[/youtube]