Mile Ex End (jour 1) : il y avait le soleil…
Parmi l’abondante offre festivalière, un nouveau joueur pointait officiellement le bout de son nez ce week-end : le Mile Ex End. Présentée sous le viaduc Van Horne par le collectif Mishmash, la programmation de cette première édition met en vedette les City And Colour, Cat Power, Suzanne Vega, Patrick Watson, Godspeed You ! Black Emperor, pour ne nommer que ceux-là. En ce long week-end de la fête du Travail, j’effectuais donc un retour au jeu quant à la couverture de festivals. Comme d’habitude, il a fallu faire des choix, et peut-être aurais-je dû remettre en question certaines de mes sélections ?
J’ai donc commencé mon périple musical, Labatt 50 bien en main (seule marque de bière offerte au festival, pas grave, ça désaltère !), avec la suave Maude Audet qui cassait quelques nouvelles chansons à la scène Van Horne. Son nouvel album sera lancé le 29 septembre prochain et ça s’intitule Comme une odeur de déclin. Et c’est Ariane Moffatt qui a réalisé cette création… et les quelques pièces interprétées hier m’ont amplement rassasiée pour que j’aie envie de prêter l’oreille à ce disque à venir.
Déjà balisée par l’ascendant de feu Ève Cournoyer, la musique de Maude Audet prend de l’expansion et brasse un peu plus la cage, à la manière de PJ Harvey. Accompagnée par un excellent guitariste, arborant fièrement un chandail de Black Sabbath – et dont j’ai malheureusement oublié le nom – et d’Émilie Proulx à la basse, la formule « batterie, guitares, basse, voix » sied à merveille à l’artiste. S’agit maintenant que Maude prenne un peu plus d’assurance sur scène. Ainsi, le public pourrait bien embarquer dans l’univers aussi rock que feutré de la dame. Bon show !
Par la suite, j’ai déménagé mes pénates à la scène Mile-End, située sous le viaduc Van Horne, pour assister au concert de la formation Adam Strangler. Si le premier album du groupe, Ideas Of Order, m’avait séduit, grâce à ce mélange de new-wave, de post-punk et de rock psychédélique, sur scène, on retrouve sensiblement intact le son du groupe. Musicalement, c’est impeccable. Vraiment.
Là où le bât blesse, c’est le déficit charismatique qui habite le meneur du quatuor, Philippe Lavoie. Dans ce genre musical, il faut offrir des prestations « canon » pour captiver le public. Malheureusement, ça manquait parfois un peu de détermination… Cela dit, à la décharge du groupe, la sonorisation était quelque peu déficiente tout au long du concert. Si Adam Strangler peut réussir à resserrer ses prestations scéniques, ce petit groupe pourrait nous épater dans un avenir rapproché.
(Crédit photo : Julien Gagnon)
Petite pause rafraîchissement avant la prestation de Tire Le Coyote. Malgré ma réputation de vieux punk rockeur qui me suit depuis toujours, je suis un bon consommateur de folk et de country rock. J’allais être bien servi par Tire Le Coyote.
Eh bien, la bande menée par Benoît Pinette, n’a rien à envier sur scène aux meilleures pointures internationales de ce genre musical. Les deux guitaristes, Simon Pedneault et Shampooing, encrassent le son d’ensemble de belle façon. La recette gagnante, pour que la réussite d’un concert de folk rock soit retentissante, est respectée à la lettre : de l’authenticité mur à mur, une charge émotive sans équivoque et une interprétation juste assez « croche ». Bref, Tire Le Coyote, c’est tout bon.
À 16 h 30, je rejoins de nouveau la scène Van Horne. Et c’est le duo « grunge rock alterno à la Veruca Salt » nommé Partner qui avait l’honneur d’arpenter les planches. Malheureusement, une médiocre sonorisation m’a empêché d’apprécier à sa juste valeur le pop-rock abrasif et bon enfant de la formation. Le tandem a besoin d’une sonorisation explosive pour séduire le public, car même si l’interprétation frisait souvent l’amateurisme, les chansons, elles, tenaient solidement la route. On y entend le meilleur du rock alternatif des années 90. Un peu de Pavement par ci, du Breeders par là, du Weezer vieille époque, des mélodies pop accrocheuses, etc. La paire formée de Josée Caron et Lucy Niles, a du talent, pas de doute là-dessus. S’agit maintenant d’aligner les concerts afin de « professionnaliser » l’ensemble… mais pas trop quand même. La spontanéité est toujours le bienvenu. Un pouce bien levé à l’une des deux meneuses qui a remercié le festival pour la bière et le whisky. Rock on !
Après avoir englouti l’excellent poulet frit de Landry & Filles (oui, c’est une plogue !), je suis retourné à la scène Van Horne pour observer de plus près la formation indie-pop-rock Foreign Diplomats. Cette musique n’est pas ma tasse de thé, tant s’en faut, mais je dois admettre que le chanteur du groupe, Élie Raymond, est un excellent « amuseur public », doublé d’une voix puissante et précise. Même si je crois que le son proposé par le quintette aurait eu un plus grand impact s’il avait été conçu au milieu des années 2000, en concert, Foreign Diplomats livre définitivement la marchandise. Et c’est tout ce qui compte !
(Crédit photo : Julien Gagnon)
L’une des artistes phares du festival, Chan Marshall, alias Cat Power, se sitedemo.cauisait à 20 h à la scène Mile-End. Est-ce que la mélancolie emblématique de Cat Power allait envoûter l’assistance ? Est-ce que Chan Marshall allait se montrer sur un jour plus lumineux qu’à l’habitude ? Malheureusement non. On a eu droit à du Cat Power minimaliste, dans son plus simple appareil. Un piano, une guitare électrique, un amplificateur, et l’artiste, somme toute, bien en voix.
J’ai toujours eu beaucoup d’admiration pour les musiciens qui s’aventurent seuls sur scène. Chan Marshall est courageuse et intègre, mais elle souffre (c’est le cas de le dire !) elle aussi, d’un déficit charismatique. Sans cet indicible talent, impossible de s’en sortir indemne, surtout dans le cadre d’une prestation en plein air destinée à un public pas mal plus enclin à festoyer qu’à écouter attentivement les complaintes d’une chanteuse troublée.
Tout semble déranger la dame. Du subtil feedback de sa guitare, au son de sa voix manifestement pas à son goût ou mal équilibrée dans ses moniteurs, Chan Marshall semblait crispée. Après quelques chansons en format guitare électrique/voix, la dame s’est installée au piano, suivant machinalement la même rythmique et la même vitesse que son jeu de guitare. Et de minute en minute, la clameur s’est élevée, irrespectueuse bien sûr, laissant Cat Power dans son monde, seule sur scène. Aussi triste que déstabilisant.
Après cette prestation assommante, j’ai quitté les lieux… puisque la musique de City And Colour et moi ne faisons vraiment pas bon ménage. J’ai préféré m’abstenir. Pour mon bien-être personnel ainsi que celui de nos lecteurs…
De retour, aujourd’hui sous la flotte, avec Kid Koala, Suzanne Vega, Andy Shauf, Basia Bulat, Patrick Watson et… Godspeed You ! Black Emperor.
Mon compte-rendu demain !