Critiques

Leif Vollebekk

North Americana

  • Outside Music
  • 2013
  • 42 minutes
7

Unknown1En 2010, le montréalais Leif Vollebekk avait fait paraître un premier effort titré Inland; album qui avait mérité quelques salves d’applaudissements de la part des critiques. Mardi dernier, l’auteur-compositeur-interprète revenait à la charge avec une deuxième offrande judicieusement intitulée North Americana. Enregistré dans quatre studios différents, Vollebekk désirait ardemment la prise de son parfaite et la version miracle qui aurait permis à ses ritournelles de se hisser au firmament de l’écriture chansonnière folk-country.

Avec l’aide de Tom Gloady (Ryan Adams, Sigur Ros, Patti Smith) et Howard Bilerman (Arcade Fire, Godspeed You! Black Emperor), Leif Vollebekk tente, sur ce North Americana, de se rapprocher de l’univers musical de Ryan Adams (époque Heartbreaker) ou encore de Gillian Welch. Les squelettes de base de la plupart des morceaux ont été consignés en version « live », un peu à la manière de Dylan sur l’album Blood On The Tracks.

Donc, le jeune homme âgé de 27 ans propose un album à la trame narrative accablée d’itinérances et de confidences éloquentes. Musicalement, les guitares sont raffinées et le piano semble avoir été enregistré dans une grande salle vacante. L’esthétique sonore est agrémentée de pedal steel, de violon et d’un harmonica. L’ensemble est nimbé par la voix de Vollebekk qui semble si près de nos conduits auditifs et si immense en même temps. Conséquemment, North Americana est une création qui s’inscrit dans la plus pure tradition de la musique américaine; ce qui est loin de constituer une lacune.

En revanche, quelques bémols sont venus contrecarrer notre appréciation de ce disque. À vrai dire, les influences musicales aveuglantes de Vollebekk, telles que ces inflexions vocales évoquant beaucoup trop Ryan Adams ou encore ce manque flagrant d’efficacité mélodique ont ralenti l’enthousiasme que nous aurions pu aisément obtenir pour cette conception sonore. Loin, mais très loin d’être une galette indigeste, ce North Americana aurait eu la capacité de se hisser beaucoup plus haut, n’eût été de ces frasques créatives.

Qu’à cela ne tienne, cet album renferme quelques fragments qui sont loin d’être négligeables : la superbe valse country Southern United States, les pianistiques Photographer Friend et A Wildfire Took Down Rosenberg, la touchante At The End Of The Line, la très Ryan Adams nommée Pallbearer Blues de même que la sobre et simple From The Fourth… mais pas de grands frissons qui sont si essentiels à un grand disque de folk-country !

Au final, Leif Vollebekk livre un opus qui fait le travail, malgré l’impression de déjà-vu qui accompagne l’écoute de cette tentative. North Americana manque parfois de singularité au niveau mélodique, mais malgré tout, le musicien maîtrise suffisamment l’art de composer des chansons intéressantes qui, combiné à une réalisation brillante et limpide, permet à cette création de faire sa place adroitement jusqu’à notre cortex cérébral. Un essai fort louable !

Ma note : 7/10

Leif Vollebekk
North Americana
Outside Music
42 minutes

leifvollebekk.com

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