Critiques

Elvis Perkins

I Aubade

  • MIR
  • 2015
  • 48 minutes
6

Elvis Perkins - I AubadeElvis Perkins est le fils du légendaire acteur Anthony Perkins (Psycho) et de la photographe Berry Berenson. Depuis 2001, le musicien est orphelin de ses deux parents. Anthony Perkins est décédé en 1992 des suites du SIDA et Berry Berenson a perdu la vie dans les attentats du 11 septembre 2001. Disons que la trajectoire artistique et personnelle du songwriter est assez particulière. L’artiste a deux superbes disques parus respectivement en 2007 et en 2009: Ash Wednesday et Elvis Perkins In Dearland. Depuis? C’est le néant.

Mais voilà qu’Elvis Perkins refait surface cette semaine avec son troisième disque intitulé I Aubade. L’œuvre de Perkins est surtout caractérisée par une poésie labyrinthique et très intimiste. Musicalement, on se situe dans un univers folk avec habituellement un axe assez festif… qui s’absente complètement sur cette dernière offrande. Pour la première fois de sa carrière, Perkins a réalisé lui-même cette conception sonore préconisant une approche psychédélique/bruitiste assez éloignée et étouffée dans le mix. Aux premières écoutes, cet effet «ouaté» est totalement troublant, laissant Perkins seul à l’avant-plan accompagné de son jeu de guitare, comme si celui-ci n’assumait pas 100% son rôle de réalisateur.

I Aubade est un virage musicalement plus hermétique et cotonneux que les deux précédents efforts. Rien de bien nuisible. Néanmoins, on sent le créateur assis entre deux chaises, hésitant, misant sur la confidentialité plutôt que sur une méthode plus directe et profitable. Ce qui agace? C’est cette réalisation hypnotique positionnée en second plan qui, mise de l’avant, aurait octroyé à ces chansons un peu plus de tempérament. On n’écoute plus les histoires de Perkins. On cherche plutôt à comprendre ce qui se passe dans les coulisses sonores et ça amenuise grandement le plaisir auditif.

Est-ce que cette absence de six ans se fait sentir? Est-ce que l’homme a vécu sa part de mésaventures nocives reléguant du même souffle l’aspect réjouissant de sa musique? Difficile de répondre clairement à ces questions, mais ce I Aubade est soit une élaboration transitoire qui placera le compositeur dans une meilleure posture lors de la prochaine parution ou bien Perkins est en nette panne d’inspiration. Pour obtenir une réponse concrète, il faudrait que l’instrumentiste revienne à la charge assez rapidement, car cet album est un tantinet décevant.

Du même souffle, ça demeure un disque d’Elvis Perkins et l’homme est incapable de réelle médiocrité. Très peu de chansons font leur chemin dans le cortex cérébral, mais on a décelé tout de même quelques pistes de qualité: la jolie Hogus Pogus (seul morceau où la réalisation et la composition font corps ensemble), l’orientation «années 50» entendue sur All Today de même que l’orchestral My Kind… mais c’est à peu près tout.

I Aubade n’est pas à jeter aux ordures. Perkins ne peut pas avoir égaré tout son talent au cours des six dernières années. Le principal problème est surtout engendré par le travail de réalisation en demi-teinte de l’auteur-compositeur-interprète. À sa défense, le maestro ne fait pas de surplace et cherche à s’émanciper de ses idéations précédentes, mais cette fois-ci, Elvis Perkins semble légèrement à côté de la plaque. Ça demeure convenable, mais foncièrement étrange.

Ma note: 6/10

Elvis Perkins
I Aubade
MIR
48 minutes

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