Critiques

Suuns

Images du futur

  • Secret City Records
  • 2013
  • 45 minutes
7,5

Le quatuor Suuns a reçu bien des fleurs et au moins autant de pots depuis qu’a été annoncée la sortie de l’album Images du futur. On l’a notamment accusé, dans une publication réputée, d’intentionnellement plagier la formation britannique Clinic. Les comparaisons à Clinic ne sont rien de nouveau pour ces montréalais, surtout pas pour Ben Shemie, dont la voix est une copie carbone de celle d’Ade Blackburn. Mais de là à dire que c’est intentionnel ?

Shemie et ses confrères affirment n’avoir connu Clinic que de nom avant que Suuns se soit fait connaître en 2010. Changer sa voix après coup, pour éviter les comparaisons, aurait été dénoncé comme une manoeuvre servile et malhonnête de la part de Shemie. Le seul recours pour le groupe était de s’en tenir à ce qu’il faisait déjà bien et de suivre les mêmes influences, qui sont en grande partie les mêmes que celles de Clinic et de nombreux autres: la tension du post-punk, le minimalisme répétitif du krautrock, l’affectation monotone du Velvet Underground.

Une question plus pertinente serait de savoir si Suuns assimile bien ses influences pour créer quelque chose qui vaut la peine d’être écouté. La réponse est oui, la majeure partie du temps. C’est certainement le cas avec la chanson 2020, premier extrait de l’album. Un glissement de guitare atonal et saccadé est pressé pour en tirer tout le jus, et servi sur une rythmique solide comme du béton.

La section rythmique du groupe est d’ailleurs probablement l’as dans la manche du groupe. Quand la musique lève, c’est grâce à cette section rythmique batterie-basse-synthés qui rappelle vaguement Holy Fuck. Quand elle s’efface pour laisser la place aux moments plus calmes, on attend impatiemment qu’elle revienne. On sent que ces moments calmes veulent servir à établir des ambiances tendues, mais cette tension est parfois bien mince.

Le simple 2020 et la chanson Sunspot, qui n’est pas sans rappeler la période post-Kid A de Radiohead, atteignent un bel équilibre entre calme et tension, mais c’est dans le dernier tiers de l’album qu’on sent le groupe vraiment étendre ses ailes. Il y a l’entraînante Bambi, qui avait paru sur un simple il y a déjà un an, l’excellente Holocene City, peut-être la plus réussie de leurs pastiches du krautrock, et la finale Music Won’t Save You, qu’on atteint par le biais du long drone cristallin de la pièce-titre. Ça suffit pour nous convaincre que Suuns sait très bien ce qu’il fait et que l’impression d’angoisse accablante et grise qu’il maîtrise n’est pas qu’un accident heureux. Dommage que deux ou trois pièces mollassonnes en milieu d’album viennent diluer le plaisir un peu.

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