Steve Gunn
Way Out Weather
- Paradise Of Bachelors
- 2014
- 44 minutes
Au mois de mai dernier, on a vu le songwriter nommé Steve Gunn mettre dans sa petite poche arrière le fort respecté Kurt Vile dans le cadre d’un concert donné au Théâtre Corona à Montréal (l’instrumentiste est un ex-Violator soit dit en passant). L’homme est un musicien nettement plus doué que Vile, même si ça n’empêche pas ce dernier de sitedemo.caiguer d’excellents disques… mais en concert Vile est malheureusement assez ordinaire merci; tout le contraire de Gunn!
Puisque le collaborateur Mathieu Robitaille adore prendre soin des oreilles de son «patron», il a suggéré à votre vieille branche de prédilection de poser ses oreilles sur le plus récent Gunn intitulé Way Out Weather. C’est paru au début du mois d’octobre et c’est foutrement bon! Ce résident de Brooklyn, New York, en est à son septième album et propose un folk rock psychédélique délicieusement cannabisant qui fait un peu penser à ce que Vile propose, tout en évoquant feu Chris Whitley en format moins bleusy et un Jim White en moins nonchalant.
Sur Way Out Weather, Gunn présente une superbe courtepointe sonore sur laquelle se coudoie les guitares acoustiques/électriques, les banjos, les mandolines, les quelques discrets claviers vintage, les rythmiques quasi-jazz… et ça ne sonne jamais désuet ou anachronique, car les riffs sitedemo.caigués ainsi que les superpositions de guitares sont d’une singularité aveuglante. Gunn détient une signature unique et bien franchement, on n’a rien entendu de tel dans cette catégorie sonore depuis un bail. L’homme ne réinvente absolument rien, mais il s’affaire à offrir une musique aisément identifiable et c’est surtout exécuté avec une virtuosité au service de la création.
Steve Gunn se tient solidement à cheval entre une écriture chansonnière structurée/maîtrisée et des improvisations parfaitement contrôlées. C’est cet impeccable contrepoids qui confère à ce disque un charme hors du commun. Le musicien ne fait pas partie de la famille des mélodistes hors pair, mais ses inflexions vocales sont opérantes. Ici, on pense à la comptine folk titrée Shadow Bros; chanson ballottante, un peu enfantine, mais émouvante.
Parmi les huit morceaux formant la charpente de ce Way Out Weather, on a été subjugué par le trot rythmique de la chanson-titre, le riff sautillant de Wildwood (une spécialité chez Gunn), le penchant country de Fiction, le folk rock un peu Vile intitulé Drifter de même que la pièce de résistance de cet album qui a sérieusement séduit votre vieux grincheux, la transcendante Tommy’s Congo. Un morceau tourbillonnant autour du même motif guitaristique, délicieusement narcotique, avoisinant à certaines occasions le space-rock. Superbe!
Voilà un musicien dont la respectabilité confidentielle ira rejoindre assurément un public plus large… mais pas nécessairement le dénominateur commun. Sinon, il n’y a pas de justice en ce bas monde! Les fans de Wilco et de Kurt Vile y trouveront assurément leur compte. On tient à remercier sincèrement le comparse Robitaille pour cette exquise découverte auditive.
Ma note: 8,5/10
Steve Gunn
Way Out Weather
Paradise Of Bachelors
44 minutes
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