Critiques

L'Impératrice

Matahari

  • Microqlima
  • 2018
  • 48 minutes
8,5
Le meilleur de lca

Je le dis depuis quelque temps, en ce moment, c’est à Paris que ça se passe. J’aurais aimé que L’Impératrice me contredise, parce que c’est plate avoir raison. Mais voilà, Matahari, premier album de la formation française L’Impératrice, est un petit bijou de disco psychédélique qui s’inspire des décennies 70 et 80 pour créer des compositions à la facture foncièrement actuelle. Un peu à la manière de l’espionne de la Première Guerre mondiale, ça donne à la fois l’envie de danser, tout en conservant un certain mystère sous les apparats.

Paris, parie avec moi
Quitte à essayer cent fois
Paradis ou pas
Sous les pavés je te vois

Oh pari perdu avec toi
Qui voudrait d’une vie comme ça?
Paris tu n’es pas
Comme au cinéma

— Paris 

La formation est menée par Charles de Boisseguin qui était auparavant journaliste. C’est en 2012 que L’Impératrice vient au monde avec un EP homonyme. Le groupe lance deux autres EP en 2014 et 2015. Mais la cristallisation du son de la formation s’est faite avec l’arrivée de la chanteuse Flore Benguigui et sa voix aérienne et hypnotisante. S’inscrivant quelque part entre Moodoïd et le Daft Punk de Random Access Memories, L’Impératrice fait partie de cette vague de groupe qui font de la chanson en français intéressante et qui redéfinit les codes celle-ci. ENFIN. C’est une bouffée d’air frais.

Parlant d’air frais, vous risquez d’en avoir besoin après trop dansé en compagnie de la formation lors d’un éventuel spectacle. Parce qu’il est impensable de résister au groove infectieux de la pièce-titre de l’album avec ses chœurs disco, sa ligne de basse poignante et ses cuivres ponctuant la mélodie qui sont à la fois puissants et chaleureux. Ce qui est encore plus plaisant chez eux, c’est l’intelligence des compositions qui sont truffées de nuances qui raviront les auditeurs les plus exigeants. Vacances évoluent dans des eaux un peu plus langoureuses, mais toujours aussi groovy. Ça donne envie de plage, de mojito au soleil et surtout d’une insouciance qui n’est jamais vraiment à notre portée.

La légèreté de la voix de Benguigui est un parfait contrepoids aux grooves épais de Paris sans parler de la mélodie vocale qui est un vers d’oreille efficace. La jeune femme en remet avec douceur sur Erreur 404. La seule erreur ici est de se laisser tromper par son ton doux et vaporeux qui flatte les oreilles :

404, écran noir
Laisse-moi rire, tu croyais m’avoir
Bon voyage imbécile
Mes hommages du bout du fil
— Erreur 404

Ma Starlight remet du groove dans le collimateur tout comme Là-Haut qui ouvre l’album tout en musique. En contrepartie, Entre-deux est une balade psychédélique réussie alors que Balade Fantôme est une version en perdition de Space Oddity de Bowie.

Un premier album tout à fait réussi pour L’impératrice qui démontre un album magnifique, un groove indéniable et un raffinement musical, textuel et mélodique enviable. Un impératif de l’année 2018.