The Voidz
Tyranny
- Cult Records
- 2014
- 62 minutes
Julian Casablancas, chanteur des Strokes, avait fait paraître en 2010 un solo titré Phrazes For The Young qui alliait synth-pop et rock. De plus, la principale fratrie de Casablancas avait lancé l’an dernier un Comedown Machine particulièrement assommant pour les oreilles de votre humble scribe. Alors, à quoi s’attendre de ce Tyranny colligé de la part de Casablancas + The Voidz? Réalisé par Shawn Everett (Weezer, Lucius), ce Tyranny est tout sauf conservateur et pépère!
En effet, voilà une sitedemo.cauction résolument étrange, avant-gardiste, moderne, quasi expérimentale et qui prend fermement ses distances de ce que proposent les Strokes. Avis aux fervents de la formation rock new-yorkaise: vous pourriez être sérieusement décontenancés par le fourmillement et le foisonnement sonore entendu sur ce Tyranny. Ce disque est férocement sombre, d’une violence sourde, cataplectique et claustrophobe, labyrinthique et qui demandera aux fanatiques des Strokes un effort auditif de tous les instants… ce qui constitue en soit une excellente nouvelle!
Les rythmes électros synthétiques côtoient les riffs rock, parfois punkisants, et Casablancas module son organe vocal brutalement, passant d’une voix de falsetto à des hurlements à la limite d’un vociférateur d’un groupe death metal. Tyranny est tout simplement inclassable! Ici, on salue l’énorme effort de régénérescence, l’exploration sonore accentuée ainsi que le penchant empirique de l’entreprise. Un disque totalement abondant!
Ceci dit, l’aspect touffu vient parfois amenuiser le potentiel mélodique de certaines chansons. Casablancas + The Voidz aurait probablement eu avantage à resserrer les structures chansonnières tout en conservant cette esthétique «punk synthétique» qui confère à cette œuvre cette unicité/singularité si perturbatrice. De plus, quand le sextuor préconise une approche plus artificielle et moins abrasive, on perd un peu l’attention. Nintendo Blood, Father Electricity et Off To War… représentent ce qu’on aime moins de ce disque, mais rien de réellement dommageable. Question de goût.
En contrepartie, on a affectionné l’ascendant psychédélique évoqué sur Crunch Punch, les «synthpunk» tribaux titrés respectivement M.utually a.ssured D.estruction et Business Dog, le new-wave caverneux Where No Eagles Fly de même que la groovy Dare I Care. Par ailleurs, la secte à Casablancas nous balance une pièce-fleuve d’une durée de onze minutes intitulée Human Sadness. Loin d’être parfaite, tirant dans tous les sens, inutilement méandreuse, cette chanson démontre manifestement le désir de distanciation de Julian Casablancas par rapport au travail accompli avec les Strokes. De ce point de vue, on salue énergiquement l’essai.
Ce Tyranny polarisera indéniablement l’opinion des mélomanes et autres journalistes musicaux. Pourquoi? Parce que Casablancas + The Voidz a eu la prétention de sortir des sentiers battus? Il y a un peu de ça, mais cette élaboration demande un investissement auditif accentué afin d’en apprécier toute sa substance. Le genre de création qui se bonifie au fil des écoutes, qui demande du temps et puisque le temps est une denrée rare, cette sitedemo.cauction sera assurément reléguée aux oubliettes par une grande majorité de mélomanes.
On a hâte déjà d’entendre le deuxième chapitre! Une écriture chansonnière plus focalisée tout en conservant cet heureux mélange des genres et on pourrait être franchement médusé du résultat. Un effort plus que respectable!
Ma note: 7/10
Julian Casablancas + the Voidz
Tyranny
Cult Records
62 minutes
[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=RYRt2rEAcyU[/youtube]