Critiques

Iceage

Plowing Into The Field Of Love

  • Matador Records
  • 2014
  • 48 minutes
8
Le meilleur de lca

9bcb510cL’excellente formation punk danoise, originaire de Copenhague (menée par le charismatique chanteur dissonant Elias Bender Rønnenfelt) et nommée Iceage, fait paraître cette semaine son troisième opus titré Plowing Into The Field Of Love. L’an dernier, Iceage avait lancé un You’re Nothing qui tenait solidement la route grâce l’indéniable apport mélodique et à l’interprétation assurée de Rønnenfelt. Cette fois-ci, le quatuor présente une création détenant un spectre sonore plus vaste incorporant piano, trompette et violoncelle à son arsenal.

En premier lieu, ce Plowing Into The Field Of Love s’articule autour de douze chansons d’amour évoquant l’alternance entre la beauté et la rusticité qui stimulent (et plombent à la fois) la plupart de nos relations sentimentales. Cette sitedemo.cauction est audacieusement mélancolique et opaque, sans être rebutante et constitue un clin d’œil à ce refus bien de notre époque d’admettre que tous, sans exception, souffriront terriblement un jour ou l’autre. On n’y échappe pas, même si certains tentent par tous les moyens de fuir cette triste réalité…

En plus de l’adjonction des instruments mentionnés précédemment, Iceage lorgne à quelques occasions vers des influences autant country punk (The Lord’s Favorite) qu’un tantinet britpop (Abundant Living). Iceage refuse la facilité et le surplace, brouillant parfois les pistes (voir la labyrinthique Forever), tout en conservant l’explosivité absolument nécessaire à tout groupe punk qui se respecte. Le résultat? Une séduisante impression d’entendre aléatoirement un jeune Nick Cave & The Bad Seeds. Bien entendu, c’est un compliment parfaitement mérité!

Si on ajoute à tous ces éléments l’éloquent travail d’interprétation d’Elias Bender Rønnenfelt, remémorant parfois un Robert Smith au comble l’exaspération, on se retrouve devant une véritable armada punk qui n’a pas peur d’expérimenter et d’explorer les côtés sombres de l’âme humaine. Rønnenfelt peaufine son talent de vociférateur inharmonieux en annexant juste assez de retenu et de sensibilité à ses inflexions vocales. Un chanteur remarquable, mais pas nécessairement au sens où les téléspectateurs adeptes de La Voix pourraient le percevoir, mais plutôt comme nos fieffés lecteurs savent foutrement apprécier!

Ce disque regorge de nombreuses chansons de haut niveau. Les très Nick Cave intitulés respectivement On My Fingers et Cimmerian Shade, le punk shoegazien How Many, la brinquebalante Stay, l’absolument punk Let It Vanish, l’utilisation judicieuse du violoncelle sur Forever, la «curesque» Simony ainsi que la frémissante pièce-titre Plowing Into The Field Of Love constituent les joyaux incontestables de cet album.

Iceage y va d’un effort de restauration sonore que l’on salue bien bas tout en conservant un dévernissage sonore punkisant. Iceage persiste dans ce punk/new-wave légèrement vieille école et réussit à bonifier son offre sonore en ajoutant une instrumentation qui accentue ce bouleversement émotionnel décuplé. Iceage fait preuve d’une pertinence sans équivoque, émeut sans tomber dans l’apitoiement braillard et met au monde tout simplement son plus beau rejeton. Fichu de bon disque!

Ma note: 8/10

Iceage
Plowing Into The Field Of Love
Matador Records
48 minutes

iceagecopenhagen.blogspot.ca

[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=roB4hRdLlas[/youtube]