Critiques

Zola Jesus

Okovi

  • Sacred Bones Records
  • 2017
  • 40 minutes
7,5

Zola Jesus, c’est le projet de l’Américaine Nika Danilova. Ayant déjà 4 albums assez bien reçus par la critique derrière elle, la chanteuse nous présente avec Okovi, l’une de ses sorties les plus abouties à ce jour. Sans dénaturer sa pop gothique angoissante, elle n’a toutefois désormais plus peur de se lancer plus en avant dans les textures électroniques pour nous parler d’un sujet principal : la mort.

On ne nage effectivement pas dans le léger avec cet album. Danilova a fait face à des épisodes dépressifs dans les dernières années, à la suite de décès de proches, et c’est ce qu’elle vient expurger sur son nouvel opus. On y sent une nervosité, un besoin de se livrer qui orientent les différentes pièces vers une noirceur maîtrisée, mais très personnelle à la fois. Sur fond de pièce pop, l’auditeur peut presque s’y méprendre, mais se fera tout de même invariablement rattraper tôt ou tard par la force émotive de chansons fortes, comme Witness.

L’innovation principale de Okovi réside d’ailleurs en partie sur cette pièce. Zola Jesus se permet ici une certaine lenteur et une plus grande exploration, comme en témoignent les cordes qu’on retrouve sur la pièce, ainsi que sur la conclusive Half-Life. Après sa tentative pop sur Taiga (2014), un album qu’elle espérait ouvertement voir percer le top 40 américain, sans succès, l’artiste a recentré ces énergies. C’est l’aspect un peu goth de sa musique qui l’a fait connaître? Et bien, elle y retourne la tête première autant au niveau musical que pour l’inspiration des textes. Si le genre est souvent mal vu, ou ne sitedemo.cauit plus grand-chose d’intéressant depuis la fin des années 80, Zola Jesus nous offre une alternative contemporaine intéressante et réussie.

Okovi est un terme slave signifiant « chaînes » en français. Ironiquement, on sent un esprit libérateur dans le besoin de confessions qui rythme la sitedemo.cauction. Dans un mouvement continu, une pulsion changeante qui ne s’arrêtera que sur la sublime Half-Life, on sent un déséquilibre qui viendra ultimement se stabiliser, tendant vers l’espoir et la libération. Ça a l’air un peu kitsch exprimé comme ça, mais au final, le traitement reste subtil et de bon goût, témoignant bien du talent de Danilova pour transmettre des thèmes émanant directement de son vécu, mais finalement universels.

Le retour de l’artiste chez Sacred Bones est donc une étape réussie dans une carrière réussie, mais qui se sera tout de même cherchée quelque peu dans les derniers temps. Ce ne sera peut-être pas un album qui nous marquera profondément pour les années à venir, mais qui nous procure tout de même un beau moment plein d’émotions à l’écoute. Et c’est peut-être justement ce qu’il nous faut par moment : du contenu brut et cru, qui surpasse la forme et la volonté de créer un classique.

Ma note: 7,5/10

Zola Jesus
Okovi
Sacred Bones Records
40 minutes

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