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Les Francouvertes 2018 : La grande finale

Trois mois de Francouvertes arrivaient à leur fin en ce lundi aux airs de printemps frisquet au Club Soda. Retour sur cette ultime soirée qui mettait à l’avant-scène Lou-Adriane Cassidy, LaF et Crabe.

 

Avant de passer au plat principal, une entrée délicieuse nous était offerte avec Klô Pelgag et Tire Le Coyote, les deux porte-paroles de l’édition 2018. C’est le second qui a lancé les hostilités avec Pouvoirs de glace interprétée avec son fidèle guitariste Shampoing. Puis, Klô Pelgag a rejoint Benoît Pinette le temps d’Incendies tirée de L’étoile thoracique avant que le trio soit réuni pour une magnifique performance de Jeu vidéo.

Lou-Adriane Cassidy

C’est la jeune femme originaire de Québec qui avait le mandat de briser la glace. Encore une fois, Lou-Adriane Cassidy a été égale à elle-même. D’un calme olympien, elle a joué ses compositions avec un bonheur impressionnant, compte tenu de son âge. Ce qui se dégage de la performance de Cassidy est une facilité sur scène, une assurance hors du commun pour son âge et son expérience et quelques faiblesses. Notamment au niveau des textes qui manquent de chair. Certains textes sont très simples. Mais en revanche, son interprétation est sans failles. Une autre chose qui fatigue est le professionnalisme des musiciens qui l’accompagnent. Trop rôdé pour la tournée et les exigences de la scène, ceux-ci s’exécutent avec une droiture et un perfectionnisme enviable. Mais pendant ce temps, ça manque de magie et de folie. Du haut de son début de vingtaine, ça donne une esthétique trop sage qui n’aide pas aux compositions aussi conventionnelles. Mais bon c’est loin d’être tragique, la jeune femme reste un espoir très intrigant qui nous donnera plusieurs années de bonne musique.

LaF

Les rappeurs de LaF ont été égaux à eux-mêmes à cette finale. Comme aux deux premières étapes, ils ont livré leurs rimes avec un dynamisme bien plaisant et un plaisir contagieux. Le trio a aussi trouvé le moyen de rejoindre la foule et les convaincre. La complicité entre la scène et la salle était palpable. Le trio est encore un peu énervé, canalisant parfois son énergie au mauvais moment. Leur entrain compense et les trames sont efficaces passant d’un slowjam à une trame old school à du trap. LaF a cet avantage qu’ils sont assez rassembleurs pour convaincre ceux qui n’écoutent pas les fans de hip-hop de leur tendre l’oreille sans insulter les férus du genre. Ça rappelle les débuts de Loco Locass. Une performance très convaincante.

Crabe

La simple participation de Crabe à cette ultime étape des Francouvertes est un exploit en soi. Pour un projet aussi marginal, c’est une réussite peu banale. Conscient des enjeux, le duo n’a pas assagi sa musique, mais a opté pour des titres qui sont un peu plus mélodieux. Le résultat était convaincant comme en faisait foi la foule sur ses pieds qui se lançait dans un mosh pit et même un peu de crowd surfing. Le genre de choses qui n’arrivent jamais aux Francouvertes. Crabe possède cette capacité de nous faire croire qu’ils sont décousus tout en étant hyper « tight » dans leur livraison. Ça demande un talent et un travail énorme pour arriver à ce résultat. Et le duo sous ses airs de punks cache un plaisir intense de la musique et de l’art.

Le résultat

On va le dire, cette finale était une des plus solides musicalement parlant et aussi la plus éclatée qui m’a été donnée de voir. Si Crabe a offert la performance la plus complète, la marginalité de leur proposition ne leur donnait pratiquement aucune chance. Au spectre opposé, Lou-Adriane Cassidy offrait une proposition plus rassembleuse, mais qui manque encore un peu de folie. LaF était exactement au centre de tout ça et c’est pour cette raison qu’ils ont quitté le Club Soda avec un gros chèque entre les mains. N’en demeure pas moins que les trois participants restants méritaient de fouler la scène et montrer leurs talents.

Le classement final de l’édition 2018 se décline comme suit :

1 — LaF

2 — Lou-Adriane Cassidy

3 — Crabe

On prend le temps de remercier ce concours de nous faire vivre des émotions fortes chaque année. Merci d’exister les Francouvertes. Merci à son équipe. En commençant par sa capitaine, Sylvie Courtemanche, et ses lieutenantes, Alizée Laniesse et Marie-Thérèse Traversy, qui à la sueur de leur front et avec un travail empreint d’un amour indéfectible pour la relève musicale permettent ces moments glorieux. Et que dire du travail impeccable de Tristan Mackenzie au son, Carlos Gamacho à la régie et tous les autres qui mettent la main à la pâte pour ce concours. Vraiment, ces gens méritent qu’on les salue bien bas.

À l’année prochaine.

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