Critiques

clipping.

CLPPNG

  • Sub Pop Records
  • 2014
  • 56 minutes
8
Le meilleur de lca

20140525_228931Pour les non-initiés, le terme «clipping» réfère à une distorsion non voulue (généralement utilisé en musique électronique) créée par une saturation de son dans un amplificateur et dès l’intro du premier album de la formation Clipping, vous comprendrez pourquoi le trio a emprunté le terme. C’est l’union du compositeur noise William Hutson, du compositeur de trame sonore cinématographique Jonathan Snipes et de Daveed Diggs qui a donné naissance à la sonorité singulière du groupe. Il fallait s’attendre à un hip-hop différent, lorsqu’on a appris leur signature sur Sub Pop. Oui, oui, vous avez bien lu, sur Sub Pop!

Les amoureux de Death Grips y trouveront certainement un attrait. Les partitions musicales de Hutson et Snipes sont variées, intelligentes et surtout originales. Empruntant autant des techniques de percussion asiatique que des grosses basses issues de l’univers sonore de Dr. Dre, les deux compositeurs arrivent avec un son riche. Les sons inquiétants de Taking Off créent un sentiment d’anxiété avant même que les premiers mots surviennent. Hutson et Snipes se plaisent aussi à agresser l’auditeur. Le son strident de l’intro ou encore le son de cadran de Get Up pénètre dans les oreilles sans donner la possibilité de frapper sur «snooze».

S’ajoute à la trame sonore les mots chirurgicaux de Daveed Diggs qui impressionne par la rapidité à laquelle les syllabes frappent vos tympans. Celui-ci est tout simplement impressionnant alors qu’il peint des tableaux éloquents évoquant la pauvreté, les problèmes des moins fortunés ainsi que de la vie de célibataire. Les vers de Diggs sont souvent porteurs d’une certaine agressivité, mais jamais poussés à l’extrême comme sait si bien le faire Death Grips. On est tout de même dans une musique qui saura ratisser plus large.

Le trio originaire de Los Angeles démontre qu’il est aussi capable de construire des pièces qui possèdent un petit côté accrocheur. Body & Blood et Work Work sont deux exemples probants. Clipping n’a pas peur d’émettre ses opinions sur des évidences que l’on n’ose pas trop souvent admettre. On pense entre autres à Tonight qui décrit une fin de soirée dans un bar alors que le refrain va comme suit:

«It’s the last song of the night
Don’t forget to tip the bartender
You got fucked up, that’s alright
That’s not the only thing you came to do
Cause there’s bad ones all around
And you ain’t pulled your one yet
If you ain’t locked it down by now
Then it’s time to figure out who fuckin’ tonight
Who fucking tonight, who fuckin’ tonight, who fuckin’ tonight»

Et c’est toujours sans détour que la formation américaine s’adresse à l’auditeur, en utilisant des variations novatrices et non complaisantes. C’est sans doute ce qui se dégage le plus de ce premier effort du trio de L.A.; une volonté de toucher et de déranger. C’est très réussi! Sans être aussi extrême qu’un groupe comme Death Grips, on sent quand même que ces derniers les ont grandement inspirés. Clipping est le meilleur et le plus intéressant album de rap qui est paru jusqu’à maintenant cette année.

Ma note: 8/10

Clipping
CLPPNG
Sub Pop
56 minutes

www.itsclippingbitch.com/

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=-2GozE6XEqg[/youtube]

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