Critiques

Douze hommes rapaillés

La symphonie rapaillée

  • Spectra Musique
  • 2014
  • 52 minutes
7,5

1491291-gfUne simple phrase, «Je t’écris pour te dire que je t’aime», dictée par chacun des douze rapaillés, puis, entremêlée dans une cacophonie devenant symbiose. La symphonie rapaillée est ainsi lancée. Troisième disque mettant à l’avant-scène la poésie de Gaston Miron, cet album se veut un «best of» contenant non pas de nouvelles compositions, mais bien des reprises de douze chansons déjà entendues sur l’un ou l’autre des deux disques, Les douze hommes rapaillés. Si l’interprétation des textes – toujours magnifiques – est la même, à la virgule près, il en va autrement pour la musique. Un orchestre symphonique de vingt-quatre musiciens, sous la direction de Blair Thompson, accompagne les vocalises des Louis-Jean Cormier, Yann Perreau, Daniel Lavoie, Martin Léon et autres Vincent Vallières. Avec la présence de tous ces violons, violoncelles, cors, trompettes et bassons, l’ambiance folk des compositions suggérées au départ deviennent évidemment totalement autre. Grandiloquente sur Oh secourez-moi (chantée par Michel Rivard), simpliste en ouverture de Ce monde sans issue (seul un violoncelle accompagne la voix rauque de Daniel Lavoie), nous voici au seuil de la Maison symphonique. D’ailleurs, onze musiciens sont de l’Orchestre symphonique de Montréal.

Pour certaines pièces, les nouveaux arrangements proposés transforment complètement leur composition même. Il suffit d’entendre Retour à nulle part (chantée par Yves Lambert) pour s’en convaincre. Si dénudée dans sa version première, la voilà qui explose de sonorités bigarrées, avec en arrière plan, cette impression de musique du terroir. Une belle idée qui surprend.

Moins réussie cependant la chanson La corneille, déjà la plus difficile d’approche dans sa première version, nous semble ici brouillonne et éclectique dans ses arrangements. La ligne directrice est difficile à saisir, entre les envolées de violons, la clarinette et les percussions, qui semblent vouloir s’envoler dans des directions différentes.

Quant à Au long de tes hanches (Louis-Jean Cormier), si suave et suggestive dans sa forme guitare-voix originale, elle se drape dans une ambiance inquiétante, chargée d’une émotion nouvelle par le rythme rapide et saccadé proposé par les violons, tuba et trombone basse. Un changement apprécié, mais nul doute que la version dénudée se veut plus convaincante.

Car, et voilà le bémol, la musique symphonique ne s’harmonise pas à toutes les compositions. Là où l’on recherchait – et surtout laissait place à – l’émotion des textes de Gaston Miron sur les deux volumes des Douze hommes rapaillés, ici, la direction semble vouloir prendre place au même niveau que la poésie entendue. Erreur. Car c’est pour les textes de Gaston Miron que ce projet se veut si apprécié des mélomanes. Ne l’oublions pas. Cependant, en spectacle, ces nouveaux arrangements doivent être soufflants. D’ailleurs, les 7 et 8 mai, La symphonie rapaillée sera jouée à la Maison symphonique de Montréal. Les douze hommes y seront. À voir.

Ma note : 7,5/10

Douze hommes rapaillés
La symphonie rapaillée
Spectra Musique
52 minutes

douzehommes.com/

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