Critiques

Zoo Baby

Volume 2

  • Duprince
  • 2023
  • 37 minutes
7,5

Celui qui tient le micro du groupe Gazoline a lancé un premier album solo en 2020. On y retrouvait un son plus bedroom pop et une voix chuchotée. En entrevue avec La Presse en février de la même, Zoo Baby expliquait ce choix vocal ainsi : « J’enregistrais dans ma chambre et j’ai deux colocs. J’étais juste super gêné de chanter fort sur les démos. » Sur Volume 2, elle est envolée cette gêne de chanter fort! Dans All Night Long, la première pièce de l’opus, Xavier Dufour Thériault établit son assurance nouvelle au chant en s’exclamant : « C’est Zoo Baby qui chante. » Le ton est donné.

Certes, la voix de Zoo Baby reste plutôt chuchotée sur Volume 2. Mais plutôt qu’elle ait des allures de gêne, on sent que c’est pour donner un petit quelque chose de sensuel. La sensualité est justement l’un des trois pôles importants de ce second long format. Cet opus, qui aurait pu s’appeler « mes années Tinder » ou « confessions of a fuckboy » selon les dires de l’artiste sur Facebook, relate les tumultes relationnels de son narrateur. Le tout s’ouvre sur All Night Long, une chanson dans laquelle on le suit avec sa partenaire dans l’une de leurs premières rencontres. Il se termine sur Du café et la fille qui restait ici, qui relate une rupture. Le cycle relationnel est bouclé.

On retrouve ce côté sensuel à plusieurs reprises sur Volume 2. Tout d’abord, Chacun chez soi aborde le concept de faire grimper chez l’autre le désir chacun de son côté en temps de pandémie. Il présente une rythmique efficace dans les couplets en usant de la figure de style de l’allitération.

On grimpe sur ton lit
On défait ton lit
On nage sur ton lit
Ce soir ta chambre est une île

Chacun chez soi

De plus, la présence d’Anna Frances Meyer (Les Deuxluxes) aux chœurs, notamment dans Je penserai à toi, ajoute une couche de sensualité au projet. La première moitié de l’album est résolument langoureuse. Après tout, Volume 2 « est un album de flirt, sur le célibat et l’oisiveté amoureuse », apprend-on via nos amis de Sors-tu.

Mais Zoo Baby n’est pas que sensuel sur Volume 2. Il est également vulnérable. Le texte de Ton appartement, par exemple, semble être tiré tout droit d’une page de son journal intime. Il y aborde son envie d’être aimé, couplée à sa peur d’avoir mal. Le tout est posé sur une musique acoustique, dépouillée, qui met de l’avant sa voix douce qui sert avec justesse son propos. Tout y est parfaitement balancé et équilibré. Après la première moitié plus dansante de l’album, cette pièce donne l’impression que le masque tombe après la fête.

J’ai envie d’affection
C’est comme ça qu’on se fait de la peine
Ne sois pas méchante
Si je te demande
Est-ce que tu m’aimes?

Ton appartement

Dès lors, on entre dans la moitié plus vulnérable de l’opus. L’envie, par exemple, est l’un des textes les plus honnêtes de l’album. Zoo Baby y traite de la jalousie qu’il ressent envers un ami musicien. Qui est ce mystérieux ami? Nul autre que son meilleur ami, Gab Bouchard, apprend-on via le journal Métro. « C’était un peu, pas mal sur Gab Bouchard… En fait, c’est full sur Gab Bouchard! », y avoue le chanteur. Ce texte est né après que Bouchard lui ait fait écouter sa chanson Grafignes. L’envie s’attaque à une émotion rarement abordée, mais pourtant vécue par plusieurs personnes. On a tous déjà envié quelqu’un qui nous est cher pour une raison ou une autre. C’est intéressant que ces sentiments contradictoires soient développés ici.

Je suis content de te voir
Que tu sois passé
Oui je t’envie mais j’adore
Notre amitié
Moi qui pensais t’apprendre quelque chose
T’as une longueur d’avance et tu oses
Et moi j’ai peur

L’envie

Finalement, cet album réalisé par Julien Mineau (Malajube) a un côté résolument dansant. Différent de toi, avec sa « french touch » et son instrumentation grandiose, donne envie d’être sur une piste de danse ou encore de se faire croire que l’on est dans un vidéoclip. Le coup du fantôme, avec sa mélodie accrocheuse, force à prêter l’oreille et donne envie de peser sur « repeat » ad vitam æternam. Elle donne envie de danser, malgré le sujet plus mélancolique. En effet, Zoo Baby y parle de la pratique du ghosting, soit le moment où une personne que l’on a envie de fréquenter ne fait que sortir des excuses pour ne jamais nous rencontrer. C’est très réussi.

Bref, bien que Zoo Baby s’attaque à des thématiques plutôt convenues sur Volume 2, il réussit à les développer dans le bon goût, en évitant les terrains connus et les pièges. Le tout est traité avec honnêteté et vulnérabilité, sans aucune volonté de se cacher.

Crédit photo: Dominic Lachance

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