Critiques

Yves Tumor

Heaven To A Tortured Mind

  • Warp Records
  • 2020
  • 37 minutes
8,5
Le meilleur de lca

Avec Safe in the Hands of Love, Yves Tumor avait frappé un coup de circuit. L’album qui offre une pop expérimentale au groove indéniable étonnait aussi par la sensibilité de l’auteur-compositeur-interprète. Pour son quatrième album, et son deuxième chez Warp, est-ce qu’il allait continuer dans la même veine?

Yves Tumor réussit un tour de force. Tout d’abord, il infuse une énorme dose de rock dans sa démarche, à un moment où le rock n’a pas nécessairement une cote de popularité très élevée. Le résultat est surprenant, galvanisant, éminemment harmonieux, et juste assez dans la marge pour ne pas s’ennuyer. Chaque recoin de Heaven To A Tortured Mind offre des sonorités différentes sans jamais perdre de vue la cohésion d’ensemble nécessaire à ce que ça coule naturellement. Disons-le sans ambages, cet album est excellent.

Le premier extrait paru, Gospel for A New Century, était franchement impressionnant. Le mélange de groove, de cuivres, d’échantillons et de guitares étouffées (un bon vieux palm mute) est convaincant. Ajoutez un Yves Tumor qui joue avec les mots et les mélodies vocales avec une adresse totale. Puis, Medicine Burn enchaîne et soudainement on se retrouve dans des sonorités et des mélodies qui rappellent le groupe Orgy. Et ça fonctionne très bien!

« Floating through what feels like
A declaration of love
Our hearts are in danger
Tell me, is this fundamental love?
A feeling you deserve
I swear you, you’ve seen before
Our hearts are in danger
Tell me, is this confidential love? »

Dream Palette

À travers les douze pièces de ce Heaven To A Tortured Mind, Yves Tumor nous parle d’amour, du flou qui l’entoure et de ces histoires sentimentales qui n’aboutissent jamais. Les textes sont répétitifs, mais toujours bien réfléchis. Ce n’est pas compliqué comme poésie, mais toujours très efficace, oscillant entre la suggestion et le concret. D’un côté, on a des plaintes amoureuses délicieuses comme Kerosene! sur laquelle Diana Gordon le rejoint avec une voix pleine de de force pendant qu’une guitare fait des solos à n’en plus finir. Ce chaos auditif est parfait et donne à chaque écoute la chance de saisir un peu plus le réel sens de la chanson.

Yves Tumor a le don de créer des moments qui vous prennent tout entier par son urgence. C’est le cas dans Dream Palette où le duo avec Julia Cummings est tout simplement époustouflant. Folie Imposée montre de beaux moments rythmiques alors que le groove presque soul refait surface sur Greater Love et dans une moins grande mesure sur Strawberry Privilege.

Cet album est tout simplement génial. Ça mérite votre attention. On peut tout de suite s’attendre à ce que ça se retrouve très haut dans les listes de fins d’années. Yves Tumor se bonifie avec le temps et trouve le moyen de ne pas laisser de côté ses repères tout en explorant de nouveaux terrains de jeu.