Yoo Doo Right + Population II + Nolan Potter
Yoo II avec Nolan Potter
- Levitation / The Reverberation Appreciation Society / Mothland
- 2025
- 43 minutes
Au cœur des ébats de South by Southwest 2025, sous l’intuition du cerveau multi-instrumentiste local Nolan Potter, du Nolan Potter’s Nightmare Band, nait YOO II; une rencontre entre deux groupes montréalais ancrés dans la scène rock actuelle. L’idée de cette rencontre s’accorde pertinemment avec les voyages symphoniques hétéroclites proposés jusqu’ici par l’américain.
D’une part, Population II : trio rock psychédélique aux multiples sorties notoires, dont le précédent Maintenant Jamais (2025 Bonsound), après une succession mémorable de Split, EP, et album. D’autre part, Yoo Doo Right, connu pour son post-rock expérimental accentué de kraut et de shoegaze. Usuel aux odes sonores issues d’arsenaux électriques, YDR œuvre dans l’exploration sonore, comme peut en attester leur plus récent From the Heights of Our Pastureland (2024 Mothland)
Sous Mothland et Levitation / The Reverberation Appreciation Society nous vient cet enregistrement, témoignage d’une rencontre, en temps et en lieu, de ces deux groupes accompagnés de Potter. Majoritairement improvisé, c’est un album qui est porté par de longs « jams », évoluant naturellement vers différents horizons. Partageant certaines ressemblances phoniques, au sein de leurs pratiques individuelles, une correspondance organique et sincère règne et se fait sentir au sein des cinq pistes de l’album.
Ces épopées, aux motifs répétitifs pouvant prendre la forme de mantra méditatif, sont toutes légèrement agrémentées de notes mélodiques se présentant comme soufflées d’instruments à vent, pianotées sur clavier ou projetées d’un générateur d’onde. Elles sont tantôt grandioses, tantôt sombres, mais demeurent contrôlées. Profondément ancrée aux vibrations basses, on y voit double, en stéréo. Encerclé par deux guitares et deux batteries, l’auditeur est rythmiquement cerné dans un voyage à cadence débridée, pulsé par des lignes rythmiques strictes et profondes.
Outre quelques murmures audibles, l’absence de voix et de structure mélodique concrète s’avère tout de même saillante et souligne la conception impromptue et rapide de cet ouvrage. Peut-être ne faut-il pas appréhender un album au sens perfectionné du terme, mais plutôt un document d’archives d’une rencontre singulière.
S’exprime tout de même à travers cet enregistrement un amour historiciste de la musique véhiculé par ses auteurs. Tout autant avec les instruments et les outils employés, qu’avec les influences qui peuvent fortement déteindre dans le jeu de chacun des musiciens. Cette passion, justement retranscrite jusqu’à nos oreilles, se ressent dans le ton de chaque instrument. De l’intro basse de La perla, à la guitare solo de Ralliement jusqu’aux éclats de jazz libre du saxophone de la même pièce, ces sonorités témoignent d’un amour passionnel et d’une quête de ton assurément concluante.
Sans sortir des sentiers battus, cette séance improvisée vibrante révèle des univers qui martèlent un rythme droit au gré des mesures. Un instantané sonore résonant, qui demeure contenu, mais qui traduit fidèlement cette rencontre.