Yob
Clearing The Path To Ascend
- Neurot Recordings
- 2014
- 63 minutes
Le doom metal se décline de toutes sortes de façons. À la base, c’est une musique en lenteur, en longueur et en notes graves, mais il existe plusieurs types de fans de doom metal, et chacun a son groupe culte. Pour les intellos branchés par l’art conceptuel, il y a Sunn O))). Pour les cyniques iconoclastes, il y a Melvins. Pour ceux qui trouvent que la musique a atteint son apogée en 1974, il y a Cathedral. Pour ceux qui veulent des riffs évoquant des visions d’apocalypse, il y a Neurosis. Pour ceux qui affectionnent fumer une certaine plante verte, il y a Sleep (quoique, soyons honnête, à peu près tout bon groupe doom fait l’affaire sous l’influence de cette plante). Et pour ceux qui aiment utiliser la musique heavy comme exercice méditatif zen, il y a Yob.
Yob s’est formé en Oregon à la fin des années 1990 autour du chanteur et guitariste Mike Scheidt. La reconnaissance a tardé à venir. Scheidt a même annoncé la mort de Yob en 2006 quand ses deux comparses ont décidé de quitter le groupe. Il a cependant trouvé des remplaçants et l’approbation de l’influente maison de disques Profound Lore avant de lancer The Great Cessation en 2009 et Atma en 2011. Le groupe se retrouve cette fois-ci dans les pénates des disques Neurot.
Le style de Yob est resté à peu près inchangé depuis ses débuts, mais s’est peu à peu raffiné. On parle ici d’un doom metal dense et lent, agrémenté de la riche voix de Scheidt, qui passe d’aigus stridents ozzyesque aux hurlements rauques du death metal vintage. Les thèmes abordés sont ceux chers à la méditation transcendantale, soit l’essence de la conscience et de la réalité elle-même. Les riffs accompagnent ces thèmes en formant de longs passages répétés sans jamais être abrégés ou pressés. Yob effectue ces passages patiemment, tel des artisans perses tissant un tapis à la main, ou tels des moines bouddhistes préparant méticuleusement un mandala. L’exercice place clairement les musiciens en transe, et les auditeurs qui se prêtent au jeu y plongeront eux aussi, aussi profondément qu’ils sont prêts à plonger.
Ce qui distingue Clearing The Path des disques précédents de Yob est la sagesse qui s’installe doucement dans l’approche de Scheidt, ce qui rend l’album légèrement plus accessible. Les pièces In Our Blood et Unmask The Spectre sont des exemples typiques de la sonorité Yob, toutes en lourdeur et balancements de l’atonalité à l’harmonie. Nothing To Win avance à un rythme plus rapide, avec des transitions rappelant le thrash. Quant à la pièce finale, Marrow, c’est ce que Yob a fait de plus près du classic rock, une espèce de version doom de Freebird, qui ira assurément rejoindre Adrift In The Ocean et Ball Of Molten Lead parmi les moments forts des concerts du groupe.
En bref (ce que Yob n’est jamais), un solide album d’un groupe qui s’impose peu à peu comme un pilier du doom metal. À écouter les yeux fermés, vêtu ou non d’un kesa, en faisant du headbang à s’en arracher la tête.
Ma note: 8,5/10
Yob
Clearing the Path to Ascend
Neurot Recordings
63 minutes
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