Critiques

Yebba

Dawn

  • RCA Records
  • 2021
  • 39 minutes
7

Dawn est le premier album de Yebba, nom de scène d’Abigail Elizabeth Smith, jeune chanteuse américaine originaire de l’Arkansas, née en 1995. Après avoir collaboré avec plusieurs artistes américains, dont Chance The Rapper (Same Drugs en 2016) et s’être lancé en solo avec le simple Evergreen en 2017, elle s’associe pour ce premier projet au producteur britannique Mark Ronson avec qui elle signe un disque très réussi.

Le vent semble tourner en faveur de Yebba en 2021. Après quelques simples (Louie Bag, October Sky, Boomerang) et quelques collaborations, dont un passage sur l’album de Drake, Certified Lover Boy, le premier effort solo de Yebba est enfin là.

Quelque part entre le R&B, la pop, le boom bap, mais aussi inspiré par la musique des années 70, Dawn puise dans tous les genres et mêle harmonieusement ballades mélancoliques (comme l’introductive How Many Years) et morceaux plus dynamiques comme Distance et l’excellente ligne de batterie qui l’accompagne ou encore Louie Bag, de très loin le morceau le plus accrocheur du projet, bénéficiant par ailleurs d’une très bonne participation de Smino qui livre ici l’une de ses meilleures prestations. Si le genre de percussions que l’on retrouve sur ce titre est présent dans d’autres chansons, celles-ci sont ici magistralement associées au refrain le plus entêtant de l’album.

Au fil de l’écoute, l’auditeur appréciera par ailleurs la diversité des pièces instrumentales du projet. En effet, Yebba alterne volontiers entre moments énergiques et retours au calme.

Ainsi le ton de Love Came Down, son le plus dansant de l’album avec une participation de Kaytranada au synthé et de grosses percussions, tranche avec celui de All I Ever Wanted, morceau incorporant une descente à la guitare folk, des choeurs et un violon.

Ce syncrétisme instrumental est bienvenu et permet de bonifier les prestations vocales de Yebba qui surprennent sans cesse. Excellente vocaliste, elle démontre toute la puissance de sa voix sur des morceaux comme Stand — qui ressemble quand même beaucoup à une version moins dramatique du Skyfall d’Adele — la justesse de celle-ci sur October Sky et sa finesse sur Distance.

Sur Boomerang, elle adopte une tonalité différente et une manière de chanter un peu à la Beth Ditto qui est captivante et respecte l’ambiance sauvage et fauve du morceau. Sur Far Away, sa voix démontre un contrôle total et dégage une force et une énergie assez folle.

Enfin, la trame narrative et les paroles de l’album ne déçoivent pas non plus. Si l’album ne contient pas de fil conducteur clairement identifié (hormis l’amour et ses complications), certains thèmes reviennent comme la violence (Boomerang et Louie Bag), le deuil (Paranoia Purple), la séparation (How Many Years), thèmes qui font de Dawn un album en fin de compte relativement sombre malgré ses touches de couleurs et de lumière (Love Came Dawn, Far Away).

Côté paroles, si l’écriture n’est pas toujours au point, certaines images sont bien trouvées et une certaine imagerie peut parfois se dégager

I been shadowboxin’ your nightmares left and right

Showin »up to the battlefield, no one to fight

Keep believin’ the smoke will clear and the bombs will subside

– Far Away

En définitive, il s’agit là d’un premier album très réussi qui cache sous ses apparences de sobriété une grande énergie et une vigueur qui devrait aller en grandissant sur le prochain projet de la chanteuse. Après tout, si Yebba apparaît encore enfant sur la pochette de cet album, on ne peut qu’espérer de plus grandes choses pour le prochain.

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