Cordae
The Lost Boy
- Atlantic Records
- 2019
- 45 minutes
Après un certain succès commercial, YBN Cordae avait besoin d’exprimer son côté plus artistique en assemblant un opus long de 15 morceaux. Le natif de la Caroline du Nord nous ouvre la porte sur ses opinions, son approche envers l’atteinte du succès, son passé, ses valeurs ainsi que ses relations familiales. La démarche mentionnée précédemment semble surutilisée à sa première lecture, mais la façon à laquelle Cordae parvient à relater ces thèmes le démarque du lot. L’accessibilité de l’album est ce qu’il en fait son gagne-pain. Aisément, on ressent un accès direct vers l’univers du rappeur qui se manifeste par l’utilisation du langage familier et l’apparition de plusieurs «Skit» où YBN Cordae semble se livrer plus directement vers l’auditeur.
Thousand Words met de l’avant l’aisance de Cordae lorsqu’il émet sur ses opinions : «Creating they own perceptions, what a massive facade – Digital marketing schemes even broader regime – Live how you want on the internet, who thought of this thing ?» L’artiste parle de la relation que l’on peut avoir avec les médias sociaux et les façades idéalisées que l’on ajoute comme filtre sur nos cyberpersonnes.
Quelques noms plus connus dans le monde du rap sont venus « passer le micro » avec Cordae sur le projet. Les collaborations d’Anderson .Paak, Chance the Rapper et celle d’Arin Ray portent fruit, tandis que les efforts de Meek Mill, Ty Dolla $ign et Pusha T viennent en quelque sorte miner la légitimité de The Lost Boy en tant que projet. Les chansons où YBN Cordae fait cavalier seul sont les plus réfléchies et celles qui gardent de meilleure façon le cap sur le concept de l’album.
Have Mercy, Broke as Fuck, Wintertime et Lost & Found sont des morceaux plus lourds qui sont répartis dans l’album comme étant des entractes racontés de façon moins introspective que les Thanksgiving, Thousand Words et Been Around qui eux, viennent créer une contrebalance réussie.
Un aspect intéressant en ce qui concerne la composition sonore de l’album est l’apport d’un choeur de gospel dans l’approche de l’artiste. On remarque notamment le chœur dans les pièces Sweet Lawd et Grandma’s House qui sonnent davantage comme une prière entendue dans la chapelle d’une église afro-américaine du sud des États-Unis. On dénote d’ailleurs des influences du bluegrass qui, telle une chanson à répondre, donne l’envie à l’auditeur d’y répéter les paroles.
Sommairement, The Lost Boy est un album qui se démarque par l’exactitude de sa narration, l’apport réussi du gospel et du bluegrass dans l’assemblage sonore et l’accessibilité du projet dû à son langage moderne et familier. En revanche, quelques collaborations empêchent le projet d’être encore plus pertinent dans son ensemble. On peut dire que c’est une entrée en matière bien réussie pour YBN Cordae, sincèrement.