Xiu Xiu
Angel Guts: Red Classroom
- Polyvinyl Records
- 2014
- 44 minutes
Xiu Xiu, groupe rock expérimental mené par le très troublé Jamie Stewart, faisait paraître au début du mois de février dernier Angel Guts: Red Classroom; inspiré concrètement d’un film érotique japonais portant le même nom. Réalisé par John Congleton, ce neuvième album studio explore les thématiques du sexe extrême, du suicide, de la peur et de la domination physique. Comme vous pouvez le constater, rien de très lumineux au programme… L’an dernier, Stewart avait fait paraître Nina: un album de reprises rendant hommage de façon singulière à Nina Simone.
Mise en garde importante: le mélomane avide de pop lumineuse et joviale devrait éviter de lire la suite de cette critique, car ce que nous propose Xiu Xiu sur cette création, ce sont quatorze morceaux claustrophobes, opaques, comprimés et furieusement malsains. Musicalement, ce Angel Guts allie quelques guitares lugubres/abrasives à des rythmes industriels incluant de nombreux moments discordants qui servent adéquatement le propos dépravant et morbide de ce disque.
Même si à quelques occasions, on sourit devant les choix auditifs de Stewart (la voix implorante sur El Naco), à d’autres moments, on peut affirmer que la musique et les thèmes évoqués sont en parfaites symbioses ce qui octroie à ces pièces une ambiance sonore absolument effroyable. L’homme est animé d’un authentique esprit pervers et cette impression est intensifiée par ce chant suffocant et anxiolytique qui semble provenir directement d’un placard asphyxiant.
Stewart est un créateur totalement intransigeant qui ne met aucune barrière entre ce qu’il exprime et ce que l’auditeur peut ressentir à l’écoute de ses chansons insalubres. Bien entendu, c’est règle générale rebutant, mais dans certains cas, Xiu Xiu sait se faire mélodique. Entre autres, sur la prenante New Life Immigration qui remémore éloquemment la prestation d’Ian Curtis (Joy Division) sur Atmosphere, également sur Archie’s Fades rappelant un Andrew Eldritch (Sisters Of Mercy) désespéré et finalement sur la tarabiscotée, mais prenante, Botanica de Los Angeles.
Notre verdict? On peut ridiculiser sans retenue ce genre de conception sonore, mais en ce qui nous concerne, voilà le genre d’œuvre essentielle qui repousse les limites de l’admissible. Même si ce n’est pas toujours accompli, la musique de Xiu Xiu a le mérite de pousser l’auditeur dans ses derniers retranchements et Stewart est réellement transporté par une vigueur psychotique qui force l’estime. Ce n’est pas pour toutes les oreilles, tant s’en faut, mais ce disque est un mal nécessaire qui prouve de manière relative la «bonne santé» de l’industrie du disque. Pour ce qui est de l’équilibre psychologique de Jamie Stewart, on vous laisse le soin de juger par vous-mêmes.
Ma note : 6,5/10
Xiu Xiu
Angel Guts: Red Classroom
Polyvinyl Records
44 minutes
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