Critiques

Weezer

The Black Album

  • Atlantic Records
  • 2019
  • 38 minutes
4

Oubliez le rock, avec son Black Album, Weezer continue de troller en livrant un disque dont l’intention n’était pas de rivaliser avec le classique de Metallica, mais bien de devenir un boys band d’aréna. Du moins, c’est ce que j’en comprends.

Pour vrai, avec son plus récent disque, Weezer sonne comme un mélange bizarre entre Les Trois Accords et Katy Perry. Le groupe de Simon Proulx pour lol, Perry pour la production. Et je le dis en tant que fan non ironique de la belle Katy (je sais c’est ironique pareil).

Parce que je trouve ça intenable comme posture de mélomane : d’aimer ironiquement. Je suis peut-être vieille école… tk, on poursuit.

Weezer sont de grands musiciens, des gars impliqués dans toutes les étapes de la production de leurs albums et depuis disons dix ans, on avait l’impression qu’ils n’exploitaient pas ce potentiel en livrant des versions plus ou moins édulcorées du Green Album, qui lui-même n’était pas fantastique.

Bref, Weezer n’avait plus vraiment de pertinence dans le rock. Et voilà qu’ils annoncent un album expérimental qui est au final… un album pop assumé, avec du gros glaçage sucré pis toute.

On salue l’intention. Sauf que c’est pas super bon cet album.

Pour vrai, ça vient lassant les stunts du groupe. Les albums blanc et noir, le disque de covers, l’Instagram du groupe qui n’est qu’une collection de memes ironiques… c’est juste du battage publicitaire, une game que Weezer semble avoir très bien compris, mais qui au final ne transforme pas une mauvaise toune en bonne toune.

Comme c’était le cas sur le Teal Album paru le mois passé, la production ici est énorme, ce qui rend l’écoute agréable. Les couches de pianos et de synthés s’agencent très bien aux instruments rock de Weezer jusqu’à les supplanter sur certains morceaux. Mais tandis que la voix de Rivers Cuomo était surprenante sur l’album de covers, alors qu’il allait chercher des falsettos et des notes insoupçonnées à son registre, il est ici plutôt monocorde et autotuné. Déception.

Et on n’a pas encore parlé des textes.

Rivers Cuomo a toujours écrit des textes comme s’il était le p’tit gars incompris, dorky et émotif. Ici, il a jugé bon d’écrire des paroles carrément sexistes et réductrices pour meubler ses compositions plus pop… Mauvais choix s’il en est un alors que des artistes comme Lady Gaga et Beyonce poussent très fort pour faire tanguer le cargo de la culture américaine dans une autre trajectoire.

Au final, le Black Album est un album assez terne, disgracieux par moment pour ses textes si on y porte attention, mais qui contient quand même une des meilleures chansons composées par le groupe depuis Hash Pipe : Too Many Thoughts In My Head.

Bref, Weezer en 2019 ça sonne comme une tonne de brique, mais leurs compositions originales sont au mieux, agréables, au pire oubliables. Un album qui a coûté cher, mais qui n’arrive pas à vivre au-dessus de ses promesses.

Don’t be mad at me Rivers, I’m just being honest.

 

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