Critiques

Wednesday

Rat Saw God

  • Dead Oceans Records
  • 2023
  • 37 minutes
8
Le meilleur de lca

Après deux longs formats passés sous le radar parus respectivement en 2018 et 2020, c’est l’excellent Twin Plagues (2021) qui a révélé la formation rock Wednesday à un public plus vaste. Originaire d’Asheville, Caroline du Nord, le groupe mené par Karly Hartzman — et qui compte dans ses rangs le talentueux guitariste et auteur-compositeur MJ Lenderman —, nous propose une mixture de rock alternatif, de grunge, de shoegaze et de country.

Dans le communiqué de presse remis par la maison de disques Dead Oceans, Hartzman affirmait que c’est le quotidien des gens de son entourage qui l’inspire : « En fait, c’est la vie de chacun d’entre eux qui est, pour moi, digne d’intérêt », a-t-elle déclaré.  

Hartzman et ses acolytes proposent donc une musique qui pourrait s’apparenter à celle de Courtney Barnett, mais avec un je-ne-sais-quoi de plus lourd et tordu dans le son d’ensemble. En plus de l’apport de l’excellent Lenderman, c’est le jeu inventif et distordu de Xandy Chelmis au lap steel qui distingue Wednesday de ses semblables.

Après avoir présenté l’année dernière un disque constitué de relectures de chansons d’artistes reconnus comme Drive-By-Truckers, Vic Chesnutt et Smashing Pumpkins, pour ne nommer que ceux-là, Wednesday est de retour avec Rat Saw God.

Cette cinquième production en carrière est un alliage de morceaux rock bien gras, fortement inspiré par la structure « loud quiet loud » emblématique des années 90, et de country rock qui détient de fortes accointances avec celui présenté par l’acolyte Lenderman sur le superbe Boat Songs révélé l’année dernière.

Rat Saw God démarre sur des chapeaux de roues avec Bath County qui allie la nonchalance de Courtney Barnett au rock carré que propose parfois Grandaddy. Or, c’est la sublime Bull Believer qui nous convainc de la pertinence de Wednesday. Après un départ en douceur, annonciateur d’un refrain explosif sur lequel Hartzman vocalise de façon inharmonieuse, l’énergie de la pièce s’estompe lentement. Or, le quintette nous surprend alors avec une seule salve explosive, bourrée de larsens, à un moment inattendu. Et ce boucan se conclut de manière magistrale, en mode shoegaze, avec Hartzman qui s’époumone sans aucun ménagement. Une très grande chanson rock !

Got Shocked, elle, étonne avec son accélération rythmique graduelle qui atteint, après quelques mesures, sa vitesse de croisière. Une manière somme toute assez unique d’entamer une pièce.

Sinon, Wednesday nous offre un bouquet de chansons aux allures country rock juste assez sinueuses pour capter pleinement notre attention. Parmi les meilleures, on note l’émouvante Formula One; une sorte de ballade dans les vapes sur laquelle on peut entendre la voix de MJ Lenderman. La conclusion dans Turkey Vultures évoque subtilement le shoegaze tournoyant de la formation britannique Ride et la conclusive TV in the Gas Pump nous replonge dans le rock indolent de Pavement.

Même si la recette chansonnière de Wednesday pourra paraître redondante et déjà entendue pour certains, la sincérité de l’interprétation de Karly Hartzman, la performance exceptionnelle de ses accompagnateurs, les magnifiques moments de densité sonore et… Bull Believer font de ce Rat Saw God un album à garder tout près de soi tout au long de l’année. Surtout si vous aimez le rock quand il est aussi décapant que rassurant.

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