Le groupe californien Warpaint baigne dans la pop rock psychédélique et atmosphérique depuis plus de 10 ans. Après un début plutôt art rock sur le EP Exquisite Corpse et le LP The Fool, le quatuor a progressivement dévié vers une dream pop plus électronique comme le témoignent les deux derniers albums studio Warpaint et Heads Up. Peu importe les différents genres adoptés, Warpaint y ajoute normalement sa touche personnelle : une musique déjantée et un chant ensorcelant. Ce style précis semble toutefois légèrement dilué sur le dernier album Radiate Like This. 

C’est la douceur omniprésente qui surprend à la première écoute de l’album, un peu comme s’il s’agissait d’une compilation de leurs plus gentilles et calmes chansons. Ce choix artistique signifie d’abord un ensemble plus homogène, mais également un manque de folie et de cris (comme sur Disco//Very de l’album homonyme), d’expérimentation imprévisible (comme sur Beetles de l’EP Exquisite Corpse) et de guitares bruyantes (comme sur Bees de l’album The Fool). Si le groupe est doué pour créer des moments relaxants et mélancoliques, une œuvre contenant seulement ces qualités en est une malheureusement monotone. Warpaint tente tout de même de se déchaîner à l’occasion : un résultat agréable, mais un peu forcé sur la chanson Hips et une musique assez éclatée sur Proof, mais qui n’atteint jamais totalement les mêmes sommets qu’auparavant. 

Malgré sa trop grande uniformité, Radiate Like This renferme quelques moments marquants. Le groupe conserve son style éthéré typique, mais explore également un rock alternatif et shoegaze sur la chanson Hard to Tell You conçue pour se dandiner lentement, ainsi que sur Trouble dont le chant envoûte. L’une des forces du groupe est les jolies voix aériennes des deux guitaristes, Theresa Wayman et Emily Kokal, qui sont fréquemment combinées et mises de l’avant, mais qui trop souvent prennent plus de place que l’instrumentation. Alors que la basse et la batterie forment toujours la base des mélodies typiquement warpaintiennes, les guitares autrefois éclatées se font maintenant trop discrètes.

L’atmosphère enchanteresse combinant sensualité et morosité fait aussi partie de la signature de Warpaint. Ce côté se dévoile dans des chansons d’amour parfois joviales comme Stevie (« You give me happiness […] You make me wanna dance with you »), et parfois sombres comme Like Sweetness (« I’ll wait forever / Know that you are not alone »). Pour sa part, malgré son titre grivois, Send Nudes offre un léger folk atypique et plaisant agrémenté de délicieuses rimes (« Send a couple nudes, baby / Have a cup o’ noodles with me, baby »).

Il ne faut pas s’attendre à du Warpaint classique puisque Radiate Like This est un album assez tempéré voire ennuyant à la première écoute. Le groupe donne l’impression de se retenir parce qu’il explore un seul des côtés de sa personnalité, mais cette exploration précise se déroule en profondeur, avec créativité… et de façon satisfaisante. Sans dénaturer leur musique, les quatre musiciennes ont trouvé un style plus mature et assagi qui leur plaît et qui leur va bien. En effet, Warpaint semble s’épanouir sur cet album séduisant et touchant qui demande toutefois plusieurs écoutes pour bien se faire apprivoiser. Radiate Like This aurait tout de même gagné à contenir un peu plus de chaos, question d’avoir réellement envie d’y replonger.