Johnny Cash
Forever Words (artistes variés)
- Legacy Recordings
- 2018
- 54 minutes
Johnny, je me permets de m’adresser directement à toi, parce qu’apparemment beaucoup de gens se sont permis n’importe quoi avec toi. Enfin, avec ton héritage plutôt.
C’est malheureux à dire, mais j’espère pour toi que tu n’as pas écouté l’énième disque hommage intitulé Johnny Cash: Forever Words, car si c’est le cas tu dois te retourner dans ta tombe. Toi qui chantais, il y a quelques années « There ain’t no grave can hold my body down », c’est le moment de sortir pour freiner l’appétit mercantile de ceux qui ne retiennent que le mot cash dans ton nom.
Johnny, tu es un artiste majeur de la musique du 20e siècle et peu de personnes peuvent se vanter d’avoir ta carrière et une telle influence, encore aujourd’hui. Il est donc normal que ton patrimoine perdure et qu’il faille parfois fournir du nouveau matériel à tes nombreux fans autour du monde. Pas évident quand on sait que tu as disparu depuis maintenant 15 ans. Cependant, j’avais beaucoup aimé ton album posthume Out Among the Stars, paru en 2014. On y retrouvait des chansons inédites chantées et jouées par toi avec le talent qu’on te connaît.
Mais là…
Sur papier, ça débutait pourtant bien : une poignée d’artistes et non les moindres comme Willie Nelson, Elvis Costello, ou même ta fille Rosanne, mettait en musique des textes que tu avais écrits. Sur papier seulement… car le rendu est navrant.
Tout manque d’inspiration et d’originalité.
On a droit à la classique chanson acoustique voix/guitare genre « séquence émotion intimiste » comme dans la chanson d’ouverture Body on Body interprété par Jewel. Ou bien la classique chanson country avec le banjo qui fait « zoing zoing » bien fort pour bien faire comprendre que c’est du country avec entre autres la pièce He Bore It All.
Toi qui détestais le country commercial et qui fut l’un des fondateurs du mouvement « outlaw country », te voilà honoré d’une bien belle manière !
Alors oui, les textes sont beaux, car c’est normal, ils sont de toi. Mais j’aurais largement préféré les lire dans un recueil et imaginer ta voix de baryton les réciter dans ma tête.
Et puis ce n’est pas tout car pourquoi s’arrêter en si bon chemin alors que la victime agonise ? Achevons-la plutôt !
De ce fait, on a droit à des pépites comme la piste Goin, Goin, Gone. Une version électro-house R&B, du genre à passer dans les clubs ou sur les bords de plage en tout-inclus. Et quand il y en a plus, il y en a encore ! C’est cadeau avec la piste Forever I Still Miss Someone qui dure exactement 47 secondes. Oui, 47 secondes dans lesquelles on entend vaguement la voix de Johnny Cash fredonner sur un air de guitare rajoutée. La qualité du son est affreuse, on a l’impression d’entendre papa qui chantonne pendant qu’il bricole dans le garage.
Bref, je ne vais pas continuer, car tu l’auras compris Johnny, le massacre est total , ça me « hurt » totalement et je « cry cry cry » derrière mon écran. Pourtant, je n’ai pas l’habitude de taper aussi durement sur un album. Lorsque je n’apprécie pas un disque, je préfère ne pas en parler ou mettre en avant les points positifs et l’effort qui a été fourni.
Mais là, les moyens sont présents, la communication est précise (un site internet dédié au CD a même été créé pour l’occasion), il n’y a aucune volonté de te rendre hommage . Sinon de faire encore plus d’argent que tu n’en génères déjà.
C’est juste triste.
Allez Johnny, encore une fois, merci pour ta contribution à la musique. Je vais regarder pour la centième fois Walk The Line, ça ne peut que me faire du bien.