U.S. Girls propose aujourd’hui Scratch It, son neuvième album studio en carrière. Celui-ci arrive avec des sonorités peu habituelles pour la Torontoise. Un peu d’histoire. En avril 2024, Meg Remy se rend en Arkansas pour un festival de musique. Plutôt que d’emmener son groupe, elle engage des musiciens américains en faisant confiance à son ami Dillon Watson pour la composition de celui-ci. À ses côtés se trouve Jack Lawrence (The Dead Weather, The Raconteurs, Loretta Lynn) à la basse, Domo Donoho à la batterie, Jo Schornikow et Tina Norwood sur les claviers ainsi que Charlie McCoy (Elvis, Bob Dylan, Roy Orbison) à l’harmonica. La mayonnaise a tellement pogné que Meg Remy et le groupe ont décidé d’enregistrer ensemble en août 2024.

En dix jours, la formation a enregistré Scratch It en faisant très peu de retouches. C’est d’ailleurs, la collection de chanson la plus directe de l’autrice-compositrice-interprète depuis Half Free en 2015. On y retrouve aussi ce goût pour le folk américain qui revient à l’avant et qui avait été délaissé pendant les albums plus pop-disco des dernières années. Ils étaient bons, mais ça ne donnait pas l’occasion au côté presque soul de ses capacités vocales. Et sur Scratch It, elle ne fait pas qu’effleurer la surface, elle plonge entièrement.

Ce qui est intéressant, c’est que Scratch It est exactement ce à quoi on peut s’attendre d’un album d’un groupe live qui enregistre. C’est organique, nuancé et porté par le dynamisme de la relation entre les musiciens. L’un des meilleurs exemples est l’excellente Like James Said qui était le premier extrait avec sa guitare un peu à côté de la plaque qui s’amuse à l’arrière-plan de la convaincante mélodie vocale de Remy. C’est vrai aussi pour la mélodieuse The Clearing où Charlie McCoy brille à l’harmonica.

Les moments plus émotifs à mi-chemin entre le folk, le soul et le country, sont particulièrement réussis. C’est le cas pour Book Ends avec ses claviers aigus et sa guitare claire et langoureuse qui soutienne Meg Remy qui fait briller sa voix. Et ce, avant que la chanson offre des solos qui poussent l’album dans le son de U.S. Girls des dernières années. Ça donne un résultat absolument délectable. Dear Patti est aussi dans la même veine et offre de beaux moments musicaux. Les claviers sont aussi réussis sur Walking Song qui a un petit quelque chose de gospel dans le traitement.

Visiblement, cette nouvelle bande de musiciens a inspiré Meg Remy qui offre de nouvelles compositions très efficaces sur Scratch It. U.S. Girls trouve une manière délectable de se réinventer ici et ça donne des pièces qui feront plaisir aux amateurs de musique américaine d’autrefois sans tomber dans le pastiche ou la nostalgie.