Critiques

U.S. Girls

In a Poem Unlimited

  • 4AD
  • 2018
  • 38 minutes
8,5
Le meilleur de lca

It’s all just friction
But don’t forget the revenge
Act like you got some velvet for sale
Then, you destroy their hope for deliverance
Don’t offer no reason
Instill in them the fear that comes with being prey

– Velvet 4 Sale

 

Le refrain de Velvet 4 Sale, le premier simple et première chanson d’In a Poem Unlimited, le 8e album d’U.S. Girls affirme ce qui nous attend sur l’album. Meghan Remy derrière ses beaux atours, ses chansons mélodieuses, ses rythmes dansants intoxicants nous percute avec un propos engagé et puissant. Après avoir été nommé sur la courte liste du Polaris pour l’excellent Half Free, Remy est en train de se magasiner un prix Polaris.

In a Poem Unlimited est un doigt d’honneur tenu bien haut à quiconque questionne la précarité du statut de la femme en société ou encore dans le débalancement des rapports de domination entre les sexes. N’allez pas croire qu’elle agit par opportunisme, Remy aborde ces problématiques depuis les débuts du projet U.S. Girls. Ce n’est pas le mouvement #metoo qui est venu changer quoi que ce soit. Ce qui a changé est l’approche dansante de ses nouvelles chansons qui malgré des propos durs, parfois même déprimants, donne quand même envie de se dandiner.

Du lot, Pearly Gates est l’une des plus marquantes et pourrait animer quelques planchers de danse. Le refrain chanté par James Baley est tout à fait intoxicant. Il est surprenant de voir à quel point Meghan Remy s’amuse avec la langue et utilise un vocabulaire peu usuel en chanson :

I have tried to be patient as I’ve been made nurse
Get some help from the percs of my devotion’s curse
And I know, yeah, I know the man’s pain is much worse
For the moon and his grace are now waning
You say the first one now will later be last
My faith in scripture’s come to pass
Na I won’t play dumb, I’m done trying to sweeten this load
And you give me a ribbon, you tell me to run
To land my legs to your narcissus fund
But land still goes for less downwind of the plant
Making this living just brings about dying

– Rage of Plastics

M.A.H. est une pièce avec des influences disco à l’ABBA, mais avec des paroles qui valent le détour. Disons que dans la récupération de ce genre, U.S. Girls réussit là où Arcade Fire a piqué du nez avec son dernier album. En plein milieu d’album, Meghan Remy nous envoie une pièce empreinte d’une atmosphère plus cool que cool. Rosebud est efficacité hors pair. L’album clôt sur la formidable Time avec ses percussions d’Amérique latine, son rythme effréné et sa mélodie encore une fois puissante.

In a Poem Unlimited est un album de grande qualité comme il s’en fait peu. Meghan Remy réussit à conjuguer musique contestataire et pop-rock formidable. C’est un puissant alliage qui fera danser les gens… et qui sait, peut-être les faire réfléchir aussi un peu dans le détour.