La crise de la cinquantaine de Thurston Moore fait paraître celles de tous les autres hommes pour des crisettes insignifiantes. Rupture avec Kim Gordon, démantèlement du groupe culte Sonic Youth, mise au grand jour d’une aventure qui dure depuis des années, nouveau groupe qui rock avec Chelsea Light Moving et maintenant un album de black metal avec Twilight. Au moins, il a gardé la même coupe de cheveux, ce qui nous rassure tous sur son état d’esprit…

Twilight est un «supergroupe» issu de la contre-culture du black metal américain qui a vu défiler une succession de membres au cours des dernières années, dont Aaron Turner d’Isis. Au cœur du groupe on trouve Jef Whitehead à la batterie (Leviathan) et Neill Jameson à la voix et à la basse (Krieg) qui sont rejoints cette fois-ci par Sanford Parker (Minsk) et Stravos Giannopolous (The Atlas Moth)… et c’est sans oublier ce cher Thurston.

Qu’est-ce que ça donne? Un charivari, un mur de son et un album moins mélodique que prévu. Une chose est sûre, Moore a amené avec lui son goût pour la saturation sonore ainsi que l’utilisation d’accords dissonants. Cela choquera sûrement les puristes du genre qui trouveront que Twilight s’aventure sur un chemin non traditionnel. En effet, c’est différent et ce n’est définitivement pas du black metal typique. Parfois c’est pour le mieux et à d’autres occasions c’est franchement décevant.

Lungs qui ouvre ce III est un bon exemple de morceau singulier qui est jouissif pour les tympans. La saturation, autant de la voix que de la guitare est des plus jubilatoires, et mélodiquement, cette pièce représente éloquemment ce que Twilight est capable de faire de meilleur. C’est confirmé par la deuxième pièce de la galette titrée Oh, Wretched Son qui laisse de côté le superfétatoire pour se concentrer sur une mélodie forte et efficace. Seek No Shelter, Fevered Ones montre qu’une certaine lourdeur n’est jamais trop éloignée.

Par contre, au fur et à mesure que la galette avance, on remarque deux choses: ça manque nettement de lourdeur et parfois le son ample et saturé est trop important comparativement à la construction musicale des chansons. On peut pointer sans doute du doigt A Flood Of Eyes. L’autre penchant qui lasse est le manque flagrant de nuance. Lorsque le ton est donné à une pièce, on voit très peu de variation apparaître.

Ce n’est définitivement pas l’album de black metal le plus inventif que vous aurez entendu dans votre vie, mais l’apport de Moore ouvre de nouvelles voies moins conservatrices. Un album destiné aux oreilles averties. Si c’est votre première rencontre avec le genre, vous risquez de trouver ça… brutal.

Ma Note : 6.5/10

Twilight
III: Beneath Trident’s Tomb
Century Media Recordings
42 minutes

www.facebook.com/TwilightBlackMetal