Critiques

Truck Violence

Violence

  • Mothland
  • 2024
  • 28 minutes
8
Le meilleur de lca

Tout d’abord, un peu de contexte.

Truck Violence ont été repérés par les têtes chercheuses de l’étiquette Mothland alors qu’ils assuraient la première partie d’un spectacle de CRABE sous le nom de no cru5t. Ils étaient alors un groupe hip-hop assez énergique pour convaincre l’étiquette de signer enfin son premier groupe rap.

Par contre, la bande décide rapidement de changer de nom pour Truck et lance un premier EP intitulé Hinterland sous ce nom même si la musique demeure très ressemblante à ce que faisait no cru5t. À ce moment, Mothland est toujours partant pour sortir leur musique, mais les échéanciers ne concordent pas et le groupe est pressé de le sortir. Qu’à cela ne tienne, l’étiquette propose de sortir leur prochain truc et on leur offre de faire un spectacle au FME.

C’est là que le coup de théâtre a lieu. Truck annonce qu’ils sont devenus Truck Violence et présente un set punk viscéral flirtant dangereusement avec le hardcore. Ce n’est que partie remise pour le premier projet hip-hop de Mothland. Est-ce une mauvaise chose? Pas du tout et voici pourquoi :

Violence est un condensé de la nouvelle manifestation artistique de la bande menée par le chanteur et parolier Karsyn Henderson et complétée par Paul Lecours (guitare et banjo), Chris Clegg (basse) et Riley Kilma (percussions). Stylistiquement, la musique de la bande est complètement différente de celle qu’elle proposait sous ses incarnations précédentes. On pense à Unwound pour les assauts non annoncés, à Chat Pile pour les performances incarnées et passionnées du chanteur et à un Neil Young version nihiliste pour les propos désenchantés qui sont portés par la musique et le petit côté folk qui offre un certain répit par endroits. Ces influences semblent sortir de nulle part lorsqu’on visite le passé musical récent des jeunes musiciens, mais tout ça fonctionne à merveille.

Un rythme frénétique ouvre Undressed you layn’t Before et capture directement l’attention du mélomane curieux pour aboutir après plusieurs secondes sur une poésie abordant le romantisme à travers le filtre du sentiment de l’imposteur, le tout couché sur une puissante atmosphère grunge ponctuée de banjo. C’est un rock furieux et désespéré et la performance vocale plaintive et totalement habitée d’Henderson nous convainc que le reste de l’album tombera pile dans nos cordes. La plupart des pièces sont faites de rock ascendant noise explosif et de textes déclamés avec passion et rage qui ne sonnent jamais faux. On est pas loin du territoire de Jesus Lizard mais aussi de Chat Pile, comme mentionné précédemment pour ce qui concerne les thématiques traitant des problèmes sociaux que peuvent vivre les gens habitant les régions plus éloignées. Dans le cas qui nous occupe, on fait beaucoup référence à l’Alberta puisque les membres de Truck Violence sont montréalais d’adoption. Chapeau aussi à toutes les fois que l’on entend le banjo comme sur la très folk Guns Buried in The Front Yard et la mélancolique/abrasive He Ended The Bender Hanging.

C’est tout de même vraiment intéressant de voir un jeune groupe à ce point inspiré par de la «musique de vieux» et encore plus impressionnant de réaliser la rapidité avec laquelle le virage à 180 degrés a été effectué entre leurs deux projets. Les quatre musiciens font déjà preuve d’une grande maturité et d’une maîtrise totale de leurs compositions. On leur en souhaite plein d’autres, en fait on se le souhaite entre auditeurs aussi, et ce, peu importe le nom et la forme que prendront leurs prochaines créations.

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