Critiques

Trentemoller

Memoria

  • In My Room
  • 2022
  • 72 minutes
8
Le meilleur de lca

Le compositeur danois Anders Trentemøller a bien évolué musicalement depuis son premier album The Last Resort (2006), passant de la techno au rock alternatif, et du post-punk au darkwave rendu à Fixion (2016). L’esthétique sonore de Trentemøller s’est consolidée à partir d’Obverse (2019), avec un mélange électro alternatif qui oscille entre l’ambient et la pop, un équilibre renouvelé sur son sixième album paru en février dernier, Memoria. À quatorze pièces et soixante-douze minutes de musique, le compositeur a fait ressortir un de ses plus grands talents en suscitant l’attention et l’anticipation du début à la fin, ponctuant et articulant les sous-thèmes avec un fil conducteur digne d’un raconteur à la mémoire phénoménale.

Trentemøller nous a présenté un premier simple, In The Gloaming, avec lequel il nous transporte dans un hymne dream pop années 80 légèrement darkwave. Un synthétiseur arpégé mène la ligne mélodique, bien placé à l’avant d’une strate vaporeuse réverbérée à l’infini, supportant également la voix veloutée de Lisbet Fritze. La vidéo colle littéralement au thème de la pièce avec ses plans extérieurs dont l’éclairage de coucher de soleil enveloppe la chanteuse, contrastant avec les plans plus sombres de début de nuit.      

All Too Soon a fait suite à partir d’une autre inspiration tirée des années 80, avec une basse électrique post-punk réglée sur chaque temps, permettant à la batterie de jouer avec les contretemps, et la voix de Fritze de guider la ligne mélodique au-dessus du mécanisme rythmique. La vidéo vient compléter la trame en mettant en scène un motocycliste qui rentre à la maison juste avant le lever du soleil, négociant les courbes et croisant les intersections comme des étapes d’un trajet, d’une vie.

Le troisième simple Dead Or Alive vire complètement gothique avec sa ligne de basse et boîte à rythmes placée en duo au centre de la pièce. Le noyau est complété par une guitare électrique oscillante épaissie par un synthétiseur darkwave, une combinaison très réussie. La vidéo décuple l’effet entraînant de la pièce avec une fille qui trippe sa vie comme si la musique lui coulait dans les veines.

Trentemøller revient à la dream pop avec No More Kissing In The Rain, quatrième simple au motif musical absolument magnifique, qui passe d’un accord à l’autre comme une suite de petites résolutions reliées à une grande résignation. La vidéo montre un couple vivant leur vie de couple chacun de leur côté jusqu’à ce qu’ils courent l’un vers l’autre pour se retrouver.

Le cinquième et dernier simple Like a Daydream renchérit en croisant de la dream pop avec une balade post-punk, naviguant sur un thème romantique guidé par Fritze toujours à la voix. La vidéo est un peu moins scénarisée, plus abstraite, avec ses plans de la chanteuse en ponctuation à des objets visuels, montés en noir et blanc avec une sensibilité pour la lumière et le grain. Memoria propose neuf autres pièces envoûtantes qui forment avec les cinq simples une expérience en trois actes, qui va du rêve (pistes 1 à 4) au réveil (pistes 5 à 9), et complète l’histoire (pistes 10 à 14) à un niveau plus cosmique spirituel. Ce sens de l’histoire s’inscrit dans la façon que Trentemøller développe ses albums, à savoir que chaque pièce participe à un thème plus grand, dans lequel on peut entrer et sortir, selon le niveau d’écoute souhaité

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