Critiques

Tire Le Coyote

Au premier tour de l’évidence

  • La Tribu
  • 2022
  • 40 minutes
7,5

Tire Le Coyote est de retour avec Au premier tour de l’évidence, un cinquième album en carrière. Il y a quand même beaucoup de choses qui ont changé pour Benoît Pinette, l’homme derrière le projet. Tout d’abord, celui-ci arrive 5 ans après la sortie de l’excellent Désherbage qui lui a permis de conquérir un plus grand public à travers la province. De plus, il y a eu du changement dans sa vie, notamment un déménagement à Saint-Élie-de-Caxton juste avant la pandémie (un synchronisme de feu, quand même). Depuis la sortie du disque, Tire Le Coyote a aussi publié un recueil de poèmes : La mémoire est une corde de bois d’allumage.

Sur Au premier tour de l’évidence, Benoît Pinette revient vers un folk plus traditionnel et moins rock que sur ses deux derniers albums. De plus, il fait appel à des voix féminines qui viennent l’accompagner à certains moments : Joséphine Bacon et Katie Moore. Il a aussi fait équipe avec Jeannot Bournival avec qui il a offert un EP en 2021 et qui possède un studio à Saint-Élie. La paire est voisine et cela a permis à Tire Le Coyote de prendre tout le temps nécessaire en studio pour façonner la nouvelle œuvre.

Ce temps passé en studio, il paraît à travers les ambiances sonores un peu plus synthétiques que par le passé. Benoît Pinette cite Grouper comme influence dans une entrevue accordé à Philippe Renault dans Le Devoir. Ça ne va pas jusque dans les recoins sombres où Liz Harris a l’habitude de manoeuvrer, mais il est vrai que Tire Le Coyote se permet des moments qui tirent dans cette direction comme l’instrumentale et délicate À fleur d’eau. Ces éléments sont aussi parsemés à travers Au premier tour de l’évidence.

Le temps passé en studio paraît aussi dans les arrangements qui sont parfois surprenants. C’est le cas sur Trésorsière, une pièce qui commence de manière sobre et simple entre Pinette et sa guitare. Puis, les arrangements font tranquillement leur chemin pour magnifier la pièce. C’est simple, nuancé et parfaitement exécuté. Ce n’est pas la seule pièce dans cette direction. On le retrouve aussi avec La couleur du vent qui voit des cuivres venir donner un coup de pouce à la pièce.

Le côté rock n’est pas complètement absent. On le retrouve sur Mathilde, le premier extrait de l’album et sur Sillonner la lenteur qui a une bonne dose de lourdeur. Si le temps de studio revu à la hausse a été bénéfique pour une bonne partie de l’album, ça vient aussi avec ses défauts. Tout est très réalisé et on perd un peu le côté construit avec de la broche des deux albums précédents. Parfois, à l’époque, on pouvait y entendre une prise de son qui nous donnait l’impression d’être dans le studio avec Tire Le Coyote. C’est complètement absent d’Au premier tour de l’évidence.

C’est plus sobre aussi dans la livraison vocale qui s’énerve un peu moins que sur les deux précédents. Exit en grande partie les trémolos. L’effet est un peu neutre sur l’album. Et ce n’est pas mieux ou moins bon parce que l’interprétation de Benoit Pinette est toujours empreinte d’une authenticité appréciable.

On retrouve sur Au premier tour de l’évidence le Tire Le Coyote qu’on attendait. Celui qui nous offre de la musique folk poétique avec des images fortes et des ambiances sonores riches prouve encore une fois qu’il est une valeur sûre de la musique d’ici.

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