Critiques

Thurston Moore

Flow Critical Lucidity

  • Daydream Librairy Series
  • 2024
  • 40 minutes
7,5

Le prolifique ex-leader de Sonic Youth nous arrive avec son neuvième album solo. Plus que jamais touche-à-tout, Flow Critical Lucidity démontre son vif intérêt pour des formes d’arts débordant largement le seul champ musical: poésie, cinéma ou arts visuels. D’un titre à l’autre, ce dernier opus va vite vous mener ailleurs dans un flow discontinu d’ambiances intimistes.

Pour les paroles, le musicien a fait appel à la plume de Radieux Radio (nom de plume d’ Eva Prinz, conjointe de Thurston Moore) qui a écrit 6 des 7 chansons.

Dès la première pièce, sublime New In Town, on croirait entendre un inédit de Syd Barrett plus fignolé. Dans Sans limites, on sent la mélodie qui tarde à se manifester. À force de répéter les motifs avec insistance, on finit par se laisser imprégner par le build-up qui s’impose de lui-même. Justement, cette deuxième pièce de l’album, avec son intro à tête chercheuse, se transforme en une des pièces les plus accrocheuses de l’ensemble.

Hypnogram dégage un soupçon du post-punk du début des années 80. La prédominance de la basse dans le mix et des guitares plus en retrait confirment cette impression après quelques écoutes. Avec en prime des réminiscences pas si lointaines de PIL ou The Fall.

Une constance de l’album: le tempo très moyen. Ça ne varie pas beaucoup. Peut-être est-ce dû au fait que ça reste la meilleure vitesse pour improviser quand on bâtit les structures de toune. Comme des jams qui se sont consolidés d’une répétition à l’autre.

Là où Sonic Youth pouvait se lancer dans des envolées dissonantes à souhait pour mieux se redéfinir d’album en album, Thurston Moore en solo explore aussi, mais jamais au détriment de la mélodie. Les arpèges finaux de Hypnogram auraient sans doute connu une autre fin avec son groupe. (Quoique Sonic Youth n’a jamais cherché à cacher son attirance pour les mélodies efficaces frôlant la pop sucrée.)

We Get High fulmine toutefois dans les cadences ténébreuses dès son début. Accompagné à la voix par Laetitia Sadier de Stereolab, on aime cette instrumentation qui ne détonne pas tant dans l’ensemble, mais qui revendique sa singularité.

À la première écoute, Flow Critical Lucidity résonne tel un bel amalgame automnal. Mais après quelques écoutes plus attentives, on s’entend pour affirmer que ça transcende les saisons.

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