Critiques

The Ocean

Phanerozoic I : Palaeozoic

  • Metal Blade Records
  • 2018
  • 48 minutes
8
Le meilleur de lca

Le groupe de métal progressif The Ocean faisait paraître un peu plus tôt cet automne son nouvel album : Phanerozoic I : Palaeozoic. Leur dernier album Pelagial avait bien fait. Alors que sur celui-ci on s’enfonçait tranquillement dans les profondeurs océaniques pour rejoindre cet endroit où la lumière est absente, cette fois-ci le groupe nous emporte au cœur même de la création.

Petit cours d’histoire : l’éon Phanérozoïque est toujours en cours. Il couvre les dernières 541 millions d’années de la Terre. Pendant celui-ci, la vie s’est dramatiquement développée que ce soit au niveau de la faune ou de la flore. L’ère paléozoïque est la première des trois qui font partie de cet éon. Pendant celle-ci, qui s’étend de 541 millions d’années à 252,2 millions avant aujourd’hui, la Terre a connu de grandes turbulences. La vie s’est multipliée pendant l’explosion cambrienne alors que la plus grande extinction de l’histoire est survenue à la fin avec l’extinction permienne. Celle-ci a vu disparaître 95 % des espèces marines et 70 % des espèces vivantes sur les continents. C’était un très mauvais quelques millions d’années où vivre sur la Terre. Au final, cette immense période a vu de nombreux changements importants. Fin de la leçon.

C’est sur cette période que ce premier volume d’un album double se penche. The Ocean plonge donc dans les grands thèmes de la création, de la mort, des regrets, de l’amour et de l’évolution humaine. On retrouve certaines façons de composer qui avaient plu sur Pelagial. Les accords de guitare sont puissants, tous comme les claviers qui s’adaptent autant aux moments épiques qu’aux passages calmes. On retrouve aussi la batterie toujours aussi inventive et bien dosée. La grande différence sur Phanerozoic I c’est l’intégration des éléments orchestraux qui pénètrent et infusent les trames. L’un des très bons exemples est la chanson Silurian : Age of Sea Scorpions à la progression magnifique. Ça s’emporte jusqu’à ce que Loïc Rossetti prononce les mots : « All I want is to sleep now ». Tout lâche, comme sous une trop grande pression, et c’est le piano, le violoncelle, une guitare plus claire et une batterie nuancée qui prend le devant. C’est un changement de cap magnifique.

Cambrian II : Eternal Recurrence commence en force un gros growl qui s’alterne avec des chants clairs et une bonne dose de guitares lourdes. On y retrouve les mélodies vocales assez uniques à The Ocean et c’est tout à fait satisfaisant. Le moment le plus mélodieux de ce nouvel opus est tout de même Devoniant : Nascent qui berce l’oreille avec une belle mélancolie.

A strong breeze blows out here
The ocean is pitch black
Let’s not seek shelter
I wanna freeze and smell your neck

— Permian : The Great Dying

Il y a quelques choses dans la conclusion de ce premier volume qui appelle vers une acceptation du sort lorsqu’on ne peut rien y changer. C’est une discussion d’autant plus importante puisque la sixième extinction est en route depuis le temps des pharaons. L’humain possède la vilaine manie de tout détruire, et ça ne date pas de la découverte du pétrole. Inscrit dans notre ADN, comme si la Terre faisait de nous un agent de destruction, une destruction probablement nécessaire à l’émergence d’une nouvelle vie. Ce sont ces questions que soulève The Ocean avec Phanerozoic I.

C’est un album qui prend un peu plus de temps à faire son chemin que Pelagial. Ça demande un effort et une réflexion pour rejoindre le groupe. Par contre, lorsque le chemin est trouvé et que les valves s’ouvrent, la lumière arrive en rayons chauds qui excitent l’esprit et le cœur.

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