Roulant sa bosse depuis près de 15 ans, la formation états-unienne a toujours eu la réputation d’être un groupe inégal capable de créer d’excellents albums (Leave Home, Open Your Heart, Devil Music), mais incapable de livrer la marchandise en concert. Tout au long de sa carrière, le quatuor mené par Mark Perro et Nick Chiericozzi a exploré de nombreuses déclinaisons du rock, du punk au heartland rock, en passant par le noise rock.

Le rythme de production habituel du groupe est normalement assez soutenu. Or, cette fois-ci, The Men a mis trois ans à nous présenter ce nouvel album intitulé simplement New York City; un hommage abrasif à cette excitante mégapole, mais qui peut aussi bouffer la santé physique et mentale d’un être humain détenant les meilleures intentions résilientes…

Enregistré « live » par Travis Harrison — un réalisateur connu pour son travail avec Guided By Voices et Built To Spill — New York City met en lumière l’énergie brute et relâchée qui a toujours caractérisé la formation. Sur ce 9^e opus en carrière, vous y entendrez The Men dans sa plus simple expression : deux guitares, une basse et une batterie. Les chansons s’enchaînent rondement, les fausses notes et les voix éraillées sont légion. On y entend même quelques ratés à la batterie. Certaines chansons en fin de parcours ralentissent la cadence imposée lors des quatre premières pièces, mais somme toute, c’est joué la pédale au plancher.

Il n’y a aucune chanson réellement faiblarde sur ce long format. God Bless the USA est un punk-blues magnifiquement grinçant. La note de piano répétitive dans Hard Livin emprunte bien sûr à I Wanna Be Your Dog des Stooges. Anyway I Find You remémore la formation The Gun Club; important groupe de punk-blues qui a obtenu une certaine reconnaissance au cours des années 80. Peace of Mind sonne comme les New York Dolls. Eye est un clin d’oeil à la sublime Dirt, l’un des morceaux-phares de l’album Funhouse… encore une fois des Stooges ! Et Eternal Recurrence est une chanson qui aurait pu être la paternité du bon vieux Bob Mould.

The Men dessuinte donc nos oreilles dans les règles de l’art, et ce, sans aucune envie de réinventer quoi que ce soit. Par conséquent, c’est ce qui est venu plomber quelque peu l’appréciation de l’auteur de ces lignes.

Cela dit, il faut une bonne dose de cran (ou d’insouciance) pour proposer un album rock sans fioritures, et sans concession, en 2023… surtout quand la réussite mercantiliste est devenue la norme à atteindre dans presque toutes les sphères de nos petites existences.

New York City est un disque rock pur jus. Rien de plus. Rien de moins. Et c’est parfait ainsi !