Critiques

In the Stone

The Goon Sax

Mirror II

  • Matador Records
  • 2021
  • 41 minutes
6,5

Originaire de Brisbane en Australie, la formation The Goon Sax réunit Riley Jones, James Harrisson et Louis Forster, le fils de l’auteur-compositeur Robert Forster. Et qui est Robert Forster ? Il est l’un des artistes australiens parmi les plus respectés qui soient, mais il fut d’abord et avant tout le co-fondateur, avec feu Grant McLennan, de la formation indie-pop The Go-Betweens, groupe hautement mésestimé s’il en est un. Comme les Go-Betweens, le jeune trio, formé à l’école secondaire, échange les instruments et se relaie au microphone créant ainsi une certaine diversité dans le son d’ensemble proposé.

En 2016, le groupe a fait paraître Up To Anything pour ensuite enchaîner en 2018 avec We’re Not Talking, un disque paru sur Chapter Music. Pour ce troisième chapitre parrainé par Matador, The Goon Sax s’est tourné vers deux grosses pointures du rock britannique : Geoff Barrow (Beak>, Portishead) et John Parish (PJ Harvey). Enregistré à Bristol en Angleterre dans le studio de Barrow, avec Parish aux commandes de la réalisation, Mirror II s’éloigne du son lo-fi prescrit sur les deux premiers albums. Le groupe incorpore des accents parfois glam-rock à son indie-pop habituel, mais celui-ci conserve toujours cette aura « jangle pop »… à la The Go-Betweens.

Même si Louis Forster est le principal parolier de la formation (il a hérité du talent de son père), la force du groupe réside dans la capacité des trois musiciens à confectionner leurs propres chansons. Bien sûr, les pièces de Forster sont caractérisées par la forte influence du paternel. Celles de Riley Jones contiennent des influences émanant de la pop bubblegum des années 60 et celles écrites par James Harrisson sont plus hermétiques, flirtant parfois avec le folk rock psychédélique.

Malgré la disparité des styles compositionnels de chacun des instrumentistes, la réalisation du tandem Parish/Barrow permet d’unifier ces chansons en un tout assez cohérent. Aux premières écoutes, Mirror II peut sembler éclectique, mais cette impression disparaît assez rapidement grâce au travail du duo mentionné précédemment.

Ainsi, la formation élargit sa palette sonore sans perdre de cohérence, tout en demeurant juste assez désordonnée pour garder captif l’auditeur. En revanche, selon votre état d’esprit au moment de l’écoute, vous pourriez être ravi ou rebuté par l’interprétation vocale totalement inharmonieuse de James Harrison. En plus d’être vocalement faux, Harrisson soumet des progressions d’accords étranges en plus de pondre des textes assez hermétiques. Dans Capetry, le musicien brouille habilement les pistes :

Let me educate you

You clearly don’t understand

And nor do I

– Capetry

Sans être un album marquant, Mirror II contient juste assez de bonnes chansons pour qu’on puisse passer un agréable moment. Dans Psychic, la combinaison de boîte à rythmes, de guitares distordues et de synthés lumineux est réussie; la meilleure chanson de ce long format. Dans Tag, l’approche vocale de Riley Jones remémore l’interprétation de Kim Deal dans Gigantic des Pixies. Malgré l’apport mélodique discordant de Harrisson dans Temples, les ascendants pop psychédéliques entendus sont crédibles. Les guitares dissonantes en conclusion de Bathwater sont intéressantes.

Le mérite du trio réside dans cette envie de moderniser un genre musical axé sur les guitares, et qui a connu son heure de gloire vers la fin des années 80, pour en faire quelque chose d’intemporel. Cependant, le manque de dextérité musical des trois musiciens s’entend beaucoup trop pour que le groupe puisse passer à un échelon créatif supérieur. Peut-être lors de la prochaine aventure ?

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