La Montréalaise Tess Roby a appris à se sentir en vie, dit-elle, durant ces derniers temps où nous nous sommes retrouvé.es face à nous-mêmes. De cette solitude libératrice, son deuxième album Ideas of Space voit enfin le jour. La dualité de l’existence y est omniprésente, dans tout ce qu’elle a de plus lumineux.

Déjà, depuis plusieurs semaines, Tess Roby dévoilait des premiers extraits qui laissaient présager quelque chose de resplendissant, d’insaisissable, puisé dans les tréfonds de son énergie vitale. Comme un triptyque, Up 2 Me, Ideas of Space et Path se faisaient ainsi écho les uns aux autres, avec une mise en image très pop, un brin nostalgique, des mélodies où se côtoient de grands espaces et d’autres, plus confidentiels, le jour et la nuit, la chaleur et le glacial. Et cette intuition se confirme dans l’ensemble de l’album.

Au contraire de Beacon, sorti en 2018, on devine dans Ideas of Space une musique que Tess Roby a souhaitée tournée vers elle, mais ce n’en est que pour mieux se projeter sur nous. Les sonorités électroniques se dégagent des profondeurs grâce à la voix parfois cristalline, parfois grave de l’artiste dans un amalgame très organique.  

Dès la première écoute, Euphoria in August se révèle notamment comme la pierre angulaire de l’album. La pièce est une vraie force tranquille. La délicatesse de Tess Roby y exalte dans une fausse accalmie et nous emmène encore plus loin, au creux de son intimité. On distingue d’ailleurs quelques notes de violoncelle jouées par Ouri, l’une des quelques collaboratrices d’Ideas of Space avec Austin Tufts du groupe Braids et le multi-instrumentiste Joseph Shabason.

À ce propos, l’autrice-compositrice-interprète affirme qu’avec Ideas of Space, elle a voulu tendre vers une certaine indépendance. Rien de surprenant, donc, à ce qu’on découvre un disque aussi personnel, pour lequel Tess Roby a tenu de multiples rôles, dont ceux de musicienne, productrice, mais aussi de directrice artistique et réalisatrice de ses vidéos. Un tout qui paraît sous son propre label fondé pour l’occasion: SSURROUNDSS. 

Enfin, comment ne pas évoquer Walls Surrounding Water avec des synthés qui scintillent comme le soleil qui se reflète sur l’océan et la voix de Tess Roby qui déferle paisiblement. Quant à House/Home – la plus longue piste de l’album avec une durée de près de cinq minutes – émerge toute la complexité du minimalisme grandiose inhérent à Ideas of Space. Et puis, soulignons le clin d’oeil, si c’en est un, subtil et réussi à New Order à la toute fin avec Elegy revisited.