Le groupe culte écossais Teenage Fanclub n’a jamais suivi le parcours typique d’un groupe de rock indépendant des années 90. Comme peu de ses pairs européens, la formation baignait plutôt dans un rock alternatif états-unien. Alors que ce style misait souvent sur le cynisme, la colère et l’apathie, Teenage Fanclub se distinguait par son optimisme et sa bonne humeur légendaire. Et pendant que beaucoup de ces groupes se séparaient et se reformaient, Teenage Fanclub a toujours tenu le coup : des albums qui sortent régulièrement et un trio fondateur resté fidèle au poste jusqu’à tout récemment. En effet, Endless Arcade marque le premier album studio sans la contribution du chanteur et bassiste Gerard Love : un grand vide qui paraît malheureusement. 

Comme Love composait environ le tiers des chansons, ce vide laisse maintenant tout l’espace créateur aux deux autres membres fondateurs : les chanteurs et guitaristes Norman Blake et Raymond McGinley. Un changement qui réduit la variété à laquelle Teenage Fanclub avait habitué ses fans et qui s’ajoute également à un autre changement perceptible depuis plusieurs années : la disparition des chansons joyeusement bruyantes pour lesquelles le groupe avait autrefois un penchant occasionnel. Une progression compréhensible et naturelle, mais un peu dommage. 

Donc, sur Endless Arcade, Teenage Fanclub offre toujours le même son indie pop rock aux jolies mélodies douces et bien exécutées. Le groupe privilégie aussi la modération : une microdose de mélancolie, de la joie calme parsemée par-ci et de la tristesse légère parsemée par-là. Malgré une pop bien ficelée et une légère expérimentation sur le plan de l’instrumentation, les simples Everything is Falling Apart et Home semblent monotones en raison du manque de surprises ou de moments forts. 

Les quelques moments plus mémorables arrivent enfin vers le milieu de l’album, comme sur In Our Dreams où la guitare est légèrement plus abrasive que sur le reste. Pour sa part, l’excellente Living With You rehausse sa mélodie sinistre de clavecins : un instrument bien placé qui fait son apparition sur plusieurs chansons et qui confirme en même temps le non-retour vers l’époque de Everything Flows.

Même si Raymond McGinley a créé beaucoup d’excellentes chansons par le passé, telles que 120 Mins sur l’album Thirteen ou Versimilitude sur l’album Grand Prix, ses chansons ne convainquent pas toujours sur Endless Arcade. Ce sont plutôt celles de Norman Blake qui se démarquent, notamment en raison de sa voix rassurante qui s’agence parfaitement à ce style musical paisible. Son énergie réconfortante se ressent sur Warm Embrace, une pièce qui semble vouloir ramener de la vitalité et de la force à l’album. Cette énergie se ressent même dans les paroles les plus déprimantes de la maussade The Sun Won’t Shine On Me (« With a troubled mind, I am in decline / And the sun won’t shine on me ») ou de la nostalgique Back In The Day (« And I can’t seem to find the peace of mind that I knew back in the day »). De bien bonnes chansons qui ne dérogent pas de la classique signature mélodique et mélancolique du groupe. 

Avec Endless Arcade, Teenage Fanclub confirme encore une fois sa lente évolution naturelle vers un son plus mature, mais également prévisible. En effet, le son est typiquement Teenage Fanclubien et le danger se trouve justement là : le résultat ressemble trop à ce que la formation fait depuis la fin des années 90, surtout depuis l’album Songs From Northern Britain de 1997. Malgré une maîtrise de son style universel ainsi que beaucoup de bonne volonté, le groupe ne prend aucun risque réel et reste dans ses vieilles pantoufles confortables. Cet album se veut plutôt un ajout réconfortant et intéressant pour les grands fans finis, mais rien qui ne vaut particulièrement le détour pour les autres.