Critiques

Tarja

In The Raw

  • earMUSIC
  • 2019
  • 58 minutes
7

La chanteuse finlandaise et ex-membre de Nightwish, Tarja Turunen, grande dame du métal et du classique, était de retour le 30 août avec In the Raw, son septième album solo. Pour celui-ci, elle a voulu se baser sur des instruments typiques au rock et au métal, elle qui a souvent utilisé des éléments un peu plus classiques (claviers, chorales et orchestrations). Le «défi» a été relevé haut la main, malgré quelques pièces longues et un peu mièvres. 

Le disque commence avec deux pièces comprenant des invités de marque, respectivement Björn «Speed» Strid de Soilwork, et Cristina Scabbia de Lacuna Coil. La première, Dead Promises, ressemble à certaines chansons de Nightwish, tout en étant peut-être un peu plus énergique, sans grosses orchestrations. Le mélange des deux voix est toutefois un peu bizarre, cliché, pas trop accrocheur. Sur Goodbye Stranger,la collaboration avec Cristina Scabbia se révèle superbe, et les riffs pesants (un peu comme Slaying the Dreamer de Once) nous amènent dans des paysages un peu plus pittoresques, sans trop de dégoulinements.

Le titre Tears In Rain est inspiré d’une citation du film Blade Runner: «All those moments will be lost in time, like tears in rain». La chanteuse sait bien s’entourer: elle a collaboré avec Johnny Andrews  pour cette pièce. Celui-ci est un compositeur et producteur américain qui a écrit plusieurs chansons célèbres, entre autres pour Halestorm, All That Remains et Three Days Grace. Tears In Rain est toutefois construite un peu étrangement; elle change abruptement d’humeur. Une batterie féroce est soudainement vraiment trop à l’avant-plan, après des moments plutôt doux. 

Pour Railroads, deuxième simple de l’album, Tarja s’est inspirée du livre Aleph de Paulo Coelho, qui décrit un voyage sur le Chemin de fer transsibérien. On dénote ici la puissante alchimie du classique et des guitares électriques, dans la plus pure tradition de Nightwish, avec de brillantes orchestrations rajoutant une couche sublime. La chanteuse a apparemment puisé dans ses très vieilles chansons, provenant de l’époque de son tout premier album.

Sur la grandiose et longue The Golden Chamber: Awaken / Loputon yö / Alchemy, créée avec le compositeur de musique de film Jim Dooley, la chanteuse y va avec quelques mots finnois rappelant Kuolema Tekee Taiteilijan, également de Once. Les percussions légères mettent en état de transe et on a l’impression de découvrir des merveilles sous-marines. Avec Spirits Of The Sea, on sombre plutôt dans les profondeurs, dans des abysses opaques où on croise des créatures effrayantes. Carlinhos Brown, percussionniste brésilien apparaissant sur l’album Roots de Sepultura, rajoute une touche tribale, voire menaçante à ce voyage musical tragique. 

Deux chansons se déclarent plus ou moins nécessaires à l’album: You And I, une ballade un peu trop sirupeuse, et la répétitive Silent Masquerade (avec Tommy Karevik de Kamelot et Seventh Wonder). La ligne est vraiment mince entre de bonnes chansons où l’émotion prend le dessus, et le cheesy qui dégouline un peu trop… 

Shadow Play conclut l’album, dans une épopée grandiose menée de main de maître par la sirène. Bref, l’album In the Raw est un navire bien dirigé, peut-être grandiloquent et lent par moments. Toutefois, pour la plupart des pièces, et le voyage aux couleurs foncées et marines, ça en vaut la chandelle.

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