Tame Impala
Currents
- Interscope Records / Modular Recordings
- 2015
- 51 minutes
Voilà un disque fort attendu que ce nouveau Tame Impala! Ça s’intitule Currents et c’est le meneur incontesté de la formation, Kevin Parker, qui en assume la réalisation. En 2010, quand Innerspeaker avait fait son apparition, on avait grandement apprécié le rock psychédélique/labyrinthique proposé… un album de guitare, il va sans dire! 2012? C’est Lonerism que le groupe australien a mis sur le marché et même si cette sitedemo.cauction avait reçu autant l’approbation critique que d’un public de plus en plus nombreux, on était resté sur notre appétit; la bande s’éloignant du rock «cannabisant» pour nous proposer quelque chose de plus consensuel…
Alors, où en sommes-nous avec ce Currents? Est-ce que Tame Impala retrouve sa fougue des débuts ou si le quintette accentue le penchant pop adopté sur le précédent effort? C’est sans aucune espèce de surprise qu’on vous annonce que l’option unificatrice remporte aisément la palme. Exit les guitares rock et les structures méandreuses donnant envie de s’en rouler un p’tit. On souhaite la bienvenue aux claviers dégoulinants de bonté, aux voix trafiquées ainsi qu’à des guitares confinées à un rôle de faire-valoir… du soft-rock synthétique/narcotique! Comme plusieurs de ses semblables, l’envie de rassembler le plus grand nombre (en sonnant très années 80!) est devenue irrésistible pour la formation.
De prime abord, on note l’apport de mélodies nettement plus accrocheuses et, même si celles-ci sont noyées joyeusement dans une réverbération amenant l’auditeur dans un état de rêve éveillé (ou de sommeil profond, c’est selon!), on n’y échappe pas, Tame Impala prend un clairement un virage accessible… qui nous laisse complètement de marbre! On croit (peut-être à tort) que le groupe est à son climax quand il brouille les pistes, nous incitant ainsi à nous perdre dans les volutes narcotiques de sa musique.
Pour être un tant soit peu objectif, l’appréciation de cette conception sonore est redevable de votre capacité d’adaptation au changement de paradigme proposé par les Australiens. En ce qui nous concerne, ce Currents ne nous a pas donné une véritable occasion d’accepter de sortir de notre zone de confort auditive. Justement, ce disque est beaucoup trop pantouflard pour nous exciter le poil des jambes. L’adepte invétéré devrait être en mesure de suivre son groupe préféré dans son «évolution», mais de notre côté, on n’a pas embarqué une seule seconde dans la nouvelle proposition de Tame Impala.
Il y a bien l’entrée en matière Let It Happen (avec l’effet d’un CD qui «saute» à mi-parcours) qui attire l’attention. Il y a également la très touffue et somme toute intéressante New Person, Same Old Mistakes ainsi que la ligne de basse funky qui enfièvre The Less I Know The Better qui font le travail, mais pour être honnête avec vous chers lecteurs, on s’est franchement ennuyé à l’écoute de ce disque trop lisse, trop linéaire, trop lent et trop conservateur pour plaire à nos petites oreilles.
Cela dit, puisque la qualité artistique de ce que nous offre Tame Impala est à la baisse, il est tout à fait normal que le grand public s’intéresse de plus en plus au travail de la formation. On a accepté cet état de fait depuis fort longtemps. Si vous êtes un fanatique, oubliez ce que je viens d’écrire, vous accepterez docilement le changement de costume et de décor opéré par le leader Kevin Parker. Pour ce qui est des indécrottables apôtres de rock de poteux, on vous conseille de passer votre tour.
Ma note: 6/10
Tame Impala
Currents
Interscope/Modular
51 minutes
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