Critiques

Superchunk

Wild Loneliness

  • Merge Records
  • 2022
  • 39 minutes
7

Fondé en 1989 et mené par Mac McCaughan (voix, guitare) et Laura Ballance (basse) — tous deux fondateurs de la maison de disques Merge Records — Superchunk est considéré à juste titre comme une valeur sûre de l’indie-rock états-unien. Si le quatuor a bâti sa réputation sur d’excellents albums de power-pop aux accents punks — On the Mouth (1993) et Foolish (1994), entre autres — le groupe originaire de Chapel Hill en Caroline du Nord s’est passablement assagi ces dernières années.

Paru en 2018, le pamphlet sociopolitique What a Time to Be Alive, conçu en réaction à l’élection du peroxydé qui a sévi pendant quatre longues années à la Maison-Blanche, brassait un peu la cage, mais jamais comme le Superchunk des années 90. Les vétérans sont donc de retour avec un 12e album studio sous le bras : Wild Loneliness. Réalisée par le groupe lui-même, enregistrée en 2020 pendant l’un des confinements, cette production est le résultat d’une nouvelle méthode de travail imposée bien sûr par la pandémie.

Habitués à œuvrer ensemble en studio, les membres de Superchunk ont dû mettre au rancart leur modus operandi créatif. La paire composée de McCaughan et Ballance, complétée par Jim Wilbur (guitare, voix) et Jon Wurster (batterie) ont donc travaillé séparément à partir de fichiers qu’ils se sont partagés mutuellement afin de finaliser les chansons de ce Wild Loneliness.

Sans qu’on y entende une démarche artistique claire et précise, on note que la pièce-titre de l’album porte sur l’isolement social provoqué par les confinements pandémiques. Quelques morceaux font aussi référence aux conséquences parfois funestes provoquées par les changements climatiques. Les préoccupations communautaires ont toujours fait partie de l’ADN chansonnier de Superchunk.

Profitant de la commodité que permet le partage de fichiers audio, le groupe a réuni plusieurs invités de marque afin d’agrémenter ses nouvelles pièces. Owen Pallett fait un formidable travail dans l’introductive City of the Dead; un morceau tout en crescendo rehaussé par les arrangements de cordes du Canadien. Les vénérables Norman Blake et Raymond McGinley de la formation écossaise Teenage Fanclub viennent nimber de leurs harmonies vocales Endless Summer; une pièce portant sur le Nouvel An de l’année 2020 qui, en Caroline du Nord du moins, était démesurément chaud :

« Is the year the leaves don’t lose their color

And hummingbirds, they don’t come back to hover

I don’t mean to be a great bummer but

I’m not ready for an endless summer »

– Endless Summer

Parmi les autres bons moments, on souligne la contribution vocale de Mike Mills (bassiste de R.E.M) dans On the Floor et celle de Sharon Van Etten dans l’émouvante If You’re Not Dark, pièce conclusive de l’album. En contrepartie, l’incursion dans cette sorte d’indie-rock orchestral un peu poussiéreux qu’est This Night et l’apport des cuivres dans Highly Suspect sont plus ou moins pertinentes.

Malgré les références pandémiques et climatiques, Wild Loneliness est un album curieusement joyeux, libre, sans prétention et efficace, même si on préfère Superchunk en mode plus décapant et incisif. Un bon album « middle of the road ».

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