Critiques

Sunn O)))

Pyroclasts

  • Southern Lord
  • 2019
  • 44 minutes
6

Les grands sorciers du drone ont sorti deux bêtes de leurs enclos cette année, soit Pyroclasts, lancé le 25 octobre dernier, et Life Metal en avril. Les deux albums ont été enregistrés en direct et édités de façon analogue par Steve Albini qui a capturé le son du groupe sans ordinateurs.

Suivant leur obsession du tone et des amplis Sunn depuis plus de 20 ans, Sunn O))) révèle une neuvième offrande, constituée de quatre chansons comme de grands monuments de pierre noire. Ces longs tableaux sonores opaques et occultes, quoique semblables aux précédents, ne laissent pas indifférents.

Écouter cet album, c’est fixer directement le soleil pendant de longues heures, et en ressortir étourdi et désorienté. L’absence de rythmes et de repères nous permet pourtant de déchiffrer des «indices» insérés ici et là, à la manière de dessins primitifs qui indiquent quelque chose de fondamental: l’ici et le maintenant. Les pièces présentent des fréquences étrangement apaisantes, un peu comme des chants de gorge tibétains prolongés. Elles sont une plongée relaxante dans un sombre Himalaya, créé par ces mystérieux moines evil.

Le processus d’enregistrement, réalisé en deux semaines, a été si immersif que Greg Anderson et Stephen O’Malley ont décidé de produire ce second album en cours de route. Celui-ci se veut « plus méditatif, libre et expérimental », et basé sur des improvisations, aux dires des deux sbires encapuchonnés. On se demande: comment est-ce possible d’être tout ça, encore plus qu’avant? Life Metal était plus préparé, avec des pièces déjà composées. Pyroclasts, quant à lui, réunit en fait quatre enregistrements issus de sessions de drone improvisées, au début ou à la fin de chaque journée de studio durant Life Metal. 

Les mêmes invités se retrouvent sensiblement sur l’album, soit Tom Midyett (Silkworm, Bottomless Pit, et Mint Mile) et la violoncelliste Hildur Guðnadóttir, avec aussi leur collaborateur de longue date Tos Nieuwenhuizen aux claviers. Malheureusement, on ne distingue pas vraiment ce que ces collaborateurs font… Y a-t-il vraiment des synthétiseurs? Où est le violoncelle? On ne le sait pas trop. Ils semblent enterrés sous l’accord de guitare géant et continu qui constitue l’album. Il se finit d’ailleurs vraiment abruptement, lors d’Ascension (A)… Une sorte de fondu ou d’élément pouvant décroître l’intensité aurait été bienvenue, car on a l’impression qu’un large tapis nous est enlevé de sous les pieds sans avertir.

C’est peut-être plus en live que ça se passe pour Sunn O))), mais on peut tout de même apprécier ces gigantesques coulées de lave sonores, qui défigurent les normes.

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