Suede
Antidepressants
- BMG
- 2025
- 40 minutes
Une des formations-phares du britpop (qui a toujours refusé de s’associer à ce terme), Suede, rapplique avec son dixième album studio.
Dès la première offensive, Disintegrate, la formation menée par Brett Anderson donne le ton. On n’est pas dans le rock jojo. Est-ce que cette dégaine presque lugubre empêche la mélodie de nous accrocher? C’est mal connaître Suede! Sa cadence effrénée lui donne même une constance pop.
Tout au long d’Antidepressants les guitares sonnent et résonnent! Surtout dans un arpège sublime donnant le coup d’envoi à Dancing with the Europeans. Les auditeurs pressés associeront peut-être l’effet du refrain dans la six cordes à The Cult, mais ça ratisse tellement plus large que ça. On navigue davantage dans des réminiscences post-punk à la Joy Division, The Cure, Sister of Mercy ou même Killing Joke. Bref, le son gothique des origines. Ne cherchez pas une filiation quelconque avec le pseudo-gothique des posers à la Marilyn Manson.
Une des grandes forces de l’album demeure la finesse des intrusions de mélodies aiguës des guitares. Comme sur Sound of the Summer. Ça ne sonne pas comme du vieux Suede des années de gloire (surtout l’album éponyme et Dog Man Star) mais, en même temps, personne d’autre ne pourrait rendre ça de la même façon.
De manière peut-être un peu moins réussie, Somewhere Between an atom and a star ramène l’offrande à un rythme plus mélancolique. Le spleen de Brett Anderson y est bien exploité, mais la cadence des guitares ne semble peut-être pas des plus assumées. Comme si la chanson n’arrivait pas à décoller vraiment. On comprend qu’on ait voulu varier les rythmes, mais la pièce a un peu un effet écrasant. Heureusement, l’ardeur reprend avec Broken Music for Broken People. La voix inimitable d’Anderson porte à merveille ses paroles névrosées. Limite parano. Avec en prime un peu de brasse-camarade punk en intro pour aboutir à un parfait refrain de fin du monde.
Peut-être plus pop que les autres pièces, Trance State reste un joyau d’alternatif tel qu’on l’entendait dans la première moitié des années 80. La balance de sons et l’effet insistant du vibrato font qu’elle détonne un peu – dans le bon sens – du reste de l’album.
Si June Rain propose des arrangements raffinés alternant entre un côté sombre et une certaine luminosité, la narration rend le verbe moins punché.
Et on savoure la finale apocalyptique sur Life Is Endless, Life Is A Moment. On ne s’attendait pas à moins de la part de Suede pour finir un album avec une beauté grandiose.