Critiques

Stone Jack Jones

Love & Torture

  • Western Vinyl
  • 2015
  • 42 minutes
7,5

stone-jack-jones-love-and-torture«Welcome to the other side, the sun will shine on the other side.»

Si la mort a besoin de la vie pour exister, en est-il de même pour la noirceur par rapport à la lumière? Le jour ensoleillé vient-il avant la nuit noire, ou est-ce le contraire? Voilà des questions sur lesquelles se penche Stone Jack Jones, lui-même au cœur d’un tiraillement existentiel. Survivant de deux problèmes sanguins qui auraient pu lui être fatals, l’artiste met en mots et en musique sa résilience.

Bras dessus, bras dessous, la mort et la vie se présentent sur le quatrième album du gars de West Virginia, installé depuis des années en banlieue de Nashville.

Avant l’écoute, on pourrait croire que Love & Torture nous conviera à une grande danse funèbre musicale. Il en est tout autre. C’est plutôt à une introspection qu’il nous invite.

Sur des airs d’alt-country, de blues retenu, de rock noise déployé en lo-fi et de folk modernisé (merci pour cela à Roger Moutenot, qui a notamment travaillé sur certains disques de Joseph Arthur et The Sheepdogs), Stone Jack Jones aborde les thématiques de la maladie, des jours passés, de ceux à venir et, inévitablement, du dernier soupir avant le grand voyage de l’autre côté de la rive.

Oui, vrai que cela peut être lourd à l’écoute. Mais conscient de la portée de sa dictée, l’artiste s’assure d’offrir une musicalité bien ciblée, modeste dans son déploiement et au service des mots. Les instruments autres que la guitare électrique – lancinante, ondulante, bourdonnante – se font discrets, regroupés dans l’arrière-plan sonore, tapis dans l’ombre (on y retrouve banjo, bidouillage électronique, flûte, tambourine, clappements de mains, caisse claire). La lumière est ainsi dirigée sur la voix de Stone Jack Jones et de ses textes, déclinés à l’occasion en compagnie de la chanteuse folk Patty Griffin, notamment sur l’intrigante et disparate Russia.

En résulte un disque sans prétention, où l’ambiance est à la fois feutrée et funeste, d’abord réchauffé par les rayons du Soleil et ensuite refroidi par l’arrivée de la nuit. Dualité. Stone Jack Jones s’est imaginé le paradis, mais surtout s’est assuré de bien décrire les ténèbres qu’il faut d’abord traverser avant d’y arriver.

Ma note: 7,5/10

Stone Jack Jones
Love & Torture
Western Vinyl Records
42 minutes

http://stonejackjones.com/

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