Critiques

Stephen Malkmus

Groove Denied

  • Matador Records
  • 2019
  • 33 minutes
6,5

L’année dernière, l’ex-meneur de Pavement lançait, avec ses fidèles Jicks, le très mésestimé Sparkle Hard; un sournois « grower ». Le vétéran nous proposait alors un disque légèrement plus accessible qu’à l’accoutumée. L’année précédente, Malkmus avait offert aux bonzes de Matador Records de nouvelles chansons en mode électro. Celles-ci ont été refusées par la maison de disque… un mauvais moment, semble-t-il, pour lancer cet album, du moins aux dires du label.

Profitant du léger enthousiasme qu’a suscité Sparkle Hard, voilà que ces chansons ont vu le jour officiellement la semaine dernière. C’est donc le premier album solo de Malkmus (sans les Jicks) depuis 2001. Après avoir bossé sporadiquement sur ses pièces pendant plus de dix ans, l’artiste âgé de 51 ans a joué de tous les instruments en plus de réaliser cette création lui-même. De la programmation des boîtes à rythmes à son habituel jeu de guitare échevelé et déconstruit, le bonhomme a tout fait.

Verdict ?

Même si les chansons proposées sur ce Groove Denied sont parfois mal dégrossies, on salue l’effort de Malkmus de s’extirper quelque peu de sa recette habituelle… même si on reconnaît indéniablement la patte du bonhomme. Des morceaux comme Rushing the Acid Frat (excellente en passant), Ocean of Revenge ou encore Come Get Me sont indissociables de ce nous offre habituellement Malkmus.

C’est quand il tente de jouer la carte de l’originalité à tout prix que notre « slacker » par excellence s’égare. L’entrée en matière, Belziger Faceplant et l’inerte Viktor Borgia sonnent comme des essais plus ou moins concluants. En contrepartie, le certain amateurisme qui caractérisent les deux pièces mentionnées précédemment s’efface à l’écoute de la post-punk / new wave A Bit Wilder. L’approche vocale de Malkmus est également méconnaissable dans l’expérimentale Forget Your Place et il pousse l’audace de nous présenter une bossa-nova électro-folk en conclusion de cet album, Grown Nothing.

Malkmus expérimente, quelquefois de manière malhabile, en utilisant tout l’arsenal synthétique et analogique des années 80, en le combinant à sa signature si caractéristique. Si on ajoute à cette mixture une nouvelle approche vocale fortement inspirée de tous ces chanteurs « à la Joy Division » qui ont proliféré dans l’histoire du rock, vous prêterez l’oreille à un disque somme toute atypique.

Sans être une réussite sur toute la ligne, Groove Denied nous permet de découvrir une facette cachée de Stephen Malkmus. Est-ce un incontournable dans la respectable discographie de l’Américain ? Pas vraiment. Mais ça demeure quand même une agréable curiosité.

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