Critiques

Stéphane Archambault

Point

  • Bravo Musique
  • 2025
  • 41 minutes
7

Stéphane Archambault a une longue carrière. Après étudié à l’École Nationale de Théâtre, il a décroché des rôles dans des séries québécoises, dont 4 et demi et la LNI. En parallèle, il y a eu la musique : celle de Mes Aïeux, qui était une affaire de famille avec son frère Benoit Archambault (Prairie Comeau) et son ex-Marie-Hélène Fortin, entre autres. La fin de son couple a été aussi le son de cloche pour le groupe qui a marqué le Québec avec le mégasuccès Dégénérations.

Point arrive aussi teinté par les expériences qu’il a vécues au cours des dernières années. Il y a quelque chose de l’homme qui arrive à la cinquantaine et qui se cherche. Il y a aussi son goût prononcé pour la musique traditionnelle qui se fait sentir souvent. Point est aussi un album de famille parce qu’encore une fois, Stéphane Archambault créé avec les siens; ses deux enfants, Clovis et Jeanne Archambault chantent et jouent des instruments sur l’album.

Le plus grand partenariat qu’on retrouve sur Point est celui de Joe Grass qui signe la musique de certaines pièces en compagnie d’Archambault et qui est partout sur l’album. Il a aussi emmené sa gang : Morgan Moore est à la basse et Robbie Kuster à la batterie. Il faut dire que Grass est un fan de musique traditionnelle et il insuffle une sensibilité de folk anglais et irlandais dans les compositions. Ça donne un résultat surprenant et convaincant.

Stéphane Archambault est surtout surprenant quand il se lance dans des sonorités qu’on lui connaît moins. C’est le cas pour Banlieue qui nous fait comprendre rapidement qu’on n’est plus en terrain Mes aïeux-esque. La verve d’Archambault est agile, poétique et fluide. Il navigue avec précision et justesse comme un skieur dans le Super G. Un autre exemple de nouveaux sillons musicaux, c’est Point tournant qui raconte la séparation avec des mots justes.

Si on peut sortir le chanteur de Mes Aïeux, c’est pas mal moins évident de sortir le trad de l’homme. Ça refleurit à travers l’excellente L’embranchement, la languissante Nous ou encore sur Et trouve. La pièce la plus Mes Aïeux n’est pas la plus intéressante du lot. Cherche a un côté léger le fun, mais sonne un peu datée.

Est-ce qu’on y arrive
À ce pays-là?
Quoi que l’on en dise
Ce pays-là n’existe pas
Faudra que je t’y emmène
Dans ce pays-là
Pour qu’il t’appartienne
Le pays qu’il existe ou pas
Le Pays

Parmi les autres bons coups de l’album, il y a l’excellente Le Pays, une réflexion sur la nation qui a tardé au point qu’on se demande si c’est encore un idéal qui tient la route. Il échange la voix avec sa fille Jeanne et le tout est impeccable. L’adolescente fait preuve d’une grande justesse. Si elle se lance dans la voie musicale, on risque d’entendre parler d’elle à nouveau. Le duo est excellent et doublé d’un solo de guitare de Grass qui est la cerise sur le sundae.

On peut dire qu’après 30 ans au sein de Mes Aïeux, Stéphane Archambault se débrouille très bien par lui-même aussi. Il fait de bon choix et l’alliance avec Joe Grass était une excellente idée. Si cet album a servi de mise au point et de réflexion sur les événements qui soufflaient sur les voiles de sa vie à un certain moment, on peut dire que ce sont de très justes élucubrations dans lesquelles on plonge avec plaisir.

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