Critiques

St Germain

St Germain

  • Warner Bros. Records
  • 2015
  • 46 minutes
6

St GermainL’icône de la «french touch» du début des années 2000, Ludovic Navarre, alias St Germain, était de retour récemment avec un nouvel album homonyme. L’homme a enregistré sous différents pseudonymes, mais c’est sous celui de St Germain qu’il a obtenu la reconnaissance internationale, particulièrement avec l’album Tourist paru en 2000. À l’époque, le créateur proposait une mixture de musique électronique et de jazz qui a fait le bonheur de tous les propriétaires d’établissements «lounge» et qui faisait le grand malheur de votre vieux schnock… des endroits superficiels et faussement intellos!

Est-ce que la formule «St Germain» a évolué? Assez pour m’enthousiasmer et me farcir quelques dry martini au travers du gorgoton? Pas vraiment, mais en toute objectivité, cette mixture de musique électro combinée à des boucles mélodiques (jouées par de vrais musiciens) aux accents africains captive tout en amenant l’auditeur en état contemplatif. St Germain présente une sorte de «deep house africain» qui est nettement moins chiante et prétentieuse que le mélange suggéré sur Tourist.

Une litanie d’instrumentistes maliens ont performé à tour de rôle et se sont joints à Navarre… qui a travaillé près de six ans sur cet album. Un perfectionniste quasi maladif! En prêtant l’oreille à ce disque, vous aurez l’impression de prendre part à un périple apaisant, aux antipodes d’une sitedemo.cauction de Slayer, mettons! La délicatesse du jeu des musiciens, la fluidité des boucles répétitives/hypnotiques, l’énergie contagieuse des chants africains et l’immense sophistication de la réalisation confèrent à ce disque un charme indéniable, pour celui ou celle qui aime être transporté dans un état méditatif.

On pourrait reprocher une certaine redondance quant à la méthode de travail préconisé par Navarre qui est sensiblement la même que ce qu’il a toujours fait sous l’appellation St Germain. Néanmoins, en arpentant le territoire africain, Navarre redonne un deuxième souffle à sa musique et met au rancart le côté maniéré/poseur de ses précédentes tentatives. Juste pour ça, ça mérite une bonne tape dans le dos.

Pas de gros succès au programme, mais un bon moment à passer pour le mélomane avide de ravissement. J’ai eu un faible pour Real Blues qui allie les sonorités blues aux rythmes africains avec la voix du légendaire Lightnin’ Hopkins qui auréole le tout. J’ai adoré le penchant nerveux, jazzé et les guitares agitées dans Hanky-Panky. J’ai aussi adoré le «blues africain» titré How Dare You.

Cette création ne fera assurément pas partie de mes parutions prisées de 2015, car il y a un je-ne-sais-quoi d’un peu surfait et fictivement snobinard dans cette musique, mais force est d’admettre que St Germain fait un effort de renouvellement marqué tout en gardant intacte sa signature. Les fans de l’artiste seront en pâmoison et les incultes aux poches pleines continueront à écouter sa musique en boucle… sans s’intéresser réellement au travail de l’artiste.

Ma note: 6/10

St Germain
St Germain
Primary Society/Warner Music
46 minutes

http://stgermain-music.com/index.html

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=vuYm4QRvDmw[/youtube]

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