Speedy Ortiz
Major Arcana
- Carpark Records
- 2013
- 36 minutes
Le 9 juillet dernier paraissait le premier album de la jeune formation rock Speedy Ortiz intitulé Major Arcana. Formé de Sadie Dupuis (voix, textes et guitares), Matt Robidoux (guitares), Darl Ferm (basse) et Mike Falcone (batterie), le quatuor est né lorsque Dupuis a pris la décision de quitter New York afin d’aménager à Northhampton, Massachussets dans le but d’entamer une maîtrise en poésie. Après avoir rencontré les musiciens qui l’accompagnent, elle fonde Speedy Ortiz et le groupe attire immédiatement l’attention d’un public friand de la scène DIY (do it yourself) de la région de Boston.
Vieilles oreilles émérites, vous ne serez pas dupés par l’esthétique sonore préconisée par Speedy Ortiz; une astucieuse mixture de Pavement, Sebadoh, Liz Phair ou encore Superchunk, tous des groupes ou artistes phares de la période mentionnée précédemment. Sauf que le penchant dissonant et parfois expérimental combiné aux mélodies captivantes/bonbons de Sadie Dupuis évite à cette création de sombrer dans un pâle pastiche d’une époque révolue.
Au contraire, voilà une sérieuse cure de jouvence qui redonne ses lettres de noblesse à un style musical parfois snobé par certains mélomanes fines bouches. Speedy Ortiz utilise un son quelque peu inactuel pour exprimer autrement les amitiés et relations tumultueuses qui sont le karma de beaucoup de jeunes (ou moins jeunes) adultes depuis le début des années 2000…
Réalisé au studio Sonelab par Justin Pizzoferrato (Chelsea Light Moving, Dinosaur Jr.), ce Major Arcana porte indéniablement la signature du réalisateur : des guitares abrasives, une utilisation d’une panoplie de pédales à distorsion et une esthétique lo-fi qui nous replonge directement dans les nineties. De plus, Speedy Ortiz se distingue particulièrement par cette irréfutable capacité à composer des hymnes de sous-sol de haut niveau destinés aux slackers désabusés ou encore aux rockeurs paumés, qui n’ont pas beaucoup envie de participer à cette mascarade factice que représente le consumérisme outrancier nord-américain.
Une pétarade de brûlots rock fédérateurs anime de bien belle manière cette sitedemo.cauction : la très Pavement Pioneer Spine, la pop brinquebalante Hitch, les effluves de Sonic Youth/Kim Gordon dans Casper (1995), la valse émouvante No Below, le lent crescendo menant à cette magnifique déflagration de guitares fougueuses dans Gary, les hymnes power-pop titrées Fun et Plough, les dissonances abrasives et la mélodie à la Kim Deal qui enfièvrent Cash Cab de même que la fédératrice et inharmonieuse MKVI. Bien franchement, du superbe travail!
Ce Major Arcana est une conception sonore qui se fertilise dangereusement au fur et à mesure que s’additionnent les écoutes tant les mélodies concoctées par Sadie Dupuis sont absolument mémorables. Sans aucun doute, Speedy Ortiz devra raffiner sa signature musicale, mais nous avons dans les oreilles une formation détenant un potentiel qui ne fait aucun doute. Nous attendrons impatiemment le deuxième chapitre!
Ma note : 7/10
Speedy Ortiz
Major Arcana
Carpark Records
36 minutes
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