Critiques

Souldia

Dixque d’art

  • 7e Ciel
  • 2021
  • 66 minutes
8,5
Le meilleur de lca

Paru en décembre, on n’a pas eu le temps de parler de l’excellent Dixque d’art de Souldia, son dixième en carrière. Souldia s’est fait de plus en plus présent sous les projecteurs en tant que personnificateur du gangsta rap québécois puisqu’il est vraiment très éloquent ce Kevin St-Laurent. Malgré tout, sa musique elle fait toujours partie de la marge en raison de son rendu brut et ses textes qui allient poésie et une authenticité sans compromis.

Je ne passerai pas quatre chemins. Dixque d’art est un diamant poli de rap québécois et mérite d’être mis à en parallèle des meilleurs du genre de l’histoire. Souldia a trouvé l’équilibre entre rap, mélodie pop et influence R&B. Il trouve la bonne recette pour arriver à un mélange explosif. Même chose du côté des paroles alors qu’il manie les images choquantes, les constats brutaux et une authenticité sentimentale qui manque presque de pudeur. Sur Dixque d’art, il se livre tout comme il livre des chansons d’une efficacité redoutable.

Même si la rue occupe une place importante dans ses paroles, elle n’est pas dépeinte avec les clichés habituels du genre. Ruelle est un magnifique exercice dans le genre alors que Souldia, Rymz et Tizzo se retrouvent sur un balancier qui est équilibré par l’excellent refrain pop de Trei Ochi. Il y a beaucoup de talent à la seconde carrée sur cette pièce. Cependant, quand on parle de pop, Rage de vivre est indétrônable. Non seulement le hook est parfait, mais le débit de Souldia est agile comme une rivière d’eau claire en montagne en plus de livrer de solides lignes. Lost arrive pour en rajouter une couche et c’est à se demander si ce n’est pas le meilleur titre pop sorti en 2021 au Québec. En tout cas, on y retrouve des mélodies impeccables.

Souldia, qui était juge sur la Fin des faibles, y invite des rappeurs de l’édition 2021. On retrouve LeMind, Helmé, Jam Khalil et Woodman qui livrent de bonnes lignes sous le tutorat adroit du maître. Il a aussi le sens du théâtre Souldia et le montre sur Page blanche, une pièce où il livre avec une mise en scène le syndrome que tous les artistes vivent à un moment où un autre en plus de se mettre en abîme en faisant un commentaire sur son propre univers. Tu sais que tu possèdes une certaine maîtrise de ton art quand tu es capable de t’autoréférencer adroitement dans une pièce de rap. Le tout se termine sur un fin coup de poing… ou coup de gun.

Parmi les autres morceaux qui frappent dans le mille, Gaz au fond démarre en lion Dixque d’art, Les apparences livre de bonnes lignes, Mémoire trouble revient sur le chemin parcouru avec un peu de nostalgie, mais aussi avec la fierté du chemin parcouru, King Size rentre avec du dynamisme et une bonne dose de lourdeur.

C’est vraiment un album tout à fait réussi où Souldia continue de prouver pourquoi en ce moment, dans le rap québécois, il est l’un des plus respectés et un des plus populaire. C’est le parfait album de rap qui sait parler de la rue sans tomber dans les clichés quétaines du genre.

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