Shaina Hayes présente son deuxième qui offre une bonne dose de folk et de country approché avec l’audace de l’indépendance, mais maintenant soutenue par Bonsound. Son premier album, to coax a waltz, paru en avril 2022 avait fait jasé de lui pour de bonnes raisons. Tout d’abord parce que Hayes possède une voix magnifique qui rappelle celle de Cat Power dans le ton et Julia Jacklin dans la livraison, mais aussi parce que musicalement, il y avait de belles idées­. Il faut dire que Hayes est appuyée dans sa démarche par Francis Ledoux et David Marchand, tous les deux de zouz. Ledoux n’en est plus à ses premières réalisations d’album et il frappe dans le mille la plupart du temps.

Sur Kindergarten Heart, Shaina Hayes poursuit dans le sillon qu’elle avait creusé avec le premier album, mais plante sa serfouette plus profondément à coup d’arrangements soignés, de mélodies vocales convaincantes et de textes introspectifs aux angles intéressants. L’ex-fermière qui a décidé de mettre de côté ses pelles et sa griffe pour se consacrer à la musique entièrement garde tout de même des sonorités de la terre dans ce qu’elle offre sur l’album.

Il y a dans les compositions de Shaina Hayes une bonne dose de folk à l’américaine et du country qui rappelle qu’elle vient de Shigawake, un village à quelques jets de pierre de Port-Daniel et de l’Anse à Sullivan dans le sud de la péninsule acadienne. On entend le grandiose des paysages de sa Gaspésie natale sur Mastery aux cordes qui semblent jouer au rythme des vagues qui se brisent sur les rochers.

Si la douceur folk est présente sur Kindergarten Heart sur des chansons comme Early Riser ou A Perfect Thousand Words, elle ne fait pas loi sur l’album. On y retrouve aussi un country joyeux sur la chanson-titre et sur Sidewalk qui prend une tangente presque western. Hayes se rapproche même du rock avec la rythmée Fun. Elle y montre d’ailleurs un plus grand registre de ses capacités vocales. New Favorite pour sa part offre de beaux moments avec ses ruptures entre les couplets minimalistes et les refrains qui prennent de l’expansion. C’est aussi le cas sur Sun and Time qui offre de superbes moments de mélodies vocales et qui démontre encore le talent de Hayes.

C’est dommage pour les 75 abonnées au panier bios de Shaina Hayes, à lire dans une excellente entrevue de Philippe Renaud dans le Devoir, mais je pense que prochainement, c’est une bonne idée que la Québécoise se concentre sur sa musique puisqu’elle tient entre ses mains quelque chose de très beau.