Critiques

Scott Walker

Bish Bosch

  • 4AD
  • 2012
  • 75 minutes
7,5

Né en 1943, âgé de 69 ans, l’auteur-compositeur-interprète, résident en Grande-Bretagne mais qui a vu le jour aux Etats-Unis, nommé Scott Walker lançait officiellement son énième disque intitulé Bish Bosch. Après avoir fait parti des Walker Brothers et voyagé en mode solo, le vénérable artiste y va d’une autre œuvre de musique expérimentale étrange et iconoclaste. Pour ceux et celles qui n’ont aucune idée de ce que représente Scott Walker, disons que le bonhomme est fort respecté de pointures telles que David Sylvian, Julian Cope, David Bowie et Radiohead… rien que ça! En 2006, il avait fait paraître l’encensé et le tout aussi bizarre The Drift. Qu’en est-il de ce Bish Bosch?

Ici, nous sommes dans un territoire musical inexploré, totalement inventif, carrément champ gauche! Sur Bish Bosch, Walker inspire, apeure, sème la confusion chez l’auditeur, provoque, ébranle et déstructure. Dissonances, irruptions de guitares abrasives, cordes cassées, silences angoissants, mélodies a capella, bruits industriels, le tout nimbé de cette voix singulière et hantée qui peut parfois s’apparenter à celle d’Antony Hegarty (Antony & The Johnsons). Un disque qui demandera aux mélomanes de multiples écoutes afin d’en saisir toute la substance… et même encore!

Scott Walker ne laisse personne indifférent. Adulé, maudit, ridiculisé, vénéré, voilà un artiste qui crée une musique sans compromis; et sur cet aspect, cette création est une réussite. Rares sont les créations sonores qui poussent l’auditeur dans ses derniers retranchements! Est-ce un grand disque ou simplement l’œuvre d’un être déséquilibré? Nous ne pourrons répondre clairement à cette interrogation, mais une chose est certaine, nous avons affaire ici à une œuvre dérangeante; et dans un période de commercialisation à outrance, cette conception sonore se veut un magnifique doigt d’honneur à l’industrie du disque!

Parmi les pièces les plus méritoires, j’ai noté la tribale ‘See You Don’t Bump His Head’, la sinistre et lugubre Phrasing, l’intelligible Epizootics, mais la pièce de résistance (c’est le cas de le dire) est sans contredit la bien nommée SDSS14 + 13B (Zercon, A Flagpole Sitter). Un morceau d’une durée de vingt-deux minutes qui débute par une mélodie étrange de Walker, jusqu’à ce qu’une guitare survienne abruptement; un périple musical inquiétant quasiment insoutenable… mais notre homme sait ce qu’il fait car il exprime clairement sa motivation de musicien dans la pièce Dimple : « If you’re listening to this/You must have survive ». En effet, nous avons survécu…

Certains crieront à l’imposture, d’autres le taxeront de vieux sénile, mais en ce qui nous concerne, on ne peut que tirer notre révérence face à un artiste de cet âge qui ne fait absolument aucun accommodement et qui a su créer un ovni avant-gardiste… mais qui pourrait être insupportable pour certains fervents de musique! Puisque nous devons accorder une note à cette sitedemo.cauction, nous le ferons; mais nous comprendrions qu’une forte majorité de mélomanes soit franchement rebuté par cet album. Déconcertant!

Ma note : 7,5/10

Scott Walker
Bish Bosch
4 AD
75 minutes

www.bishbosch.com/

[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=2Ih7KzKLLWA[/youtube]

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